Une visite de diplomates dans le nord de la Cisjordanie occupée a été interrompue mercredi 21 mai par ce que l’armée israélienne a présenté comme des tirs de sommation, l’Autorité palestinienne dénonçant des tirs « directs » à « balles réelles » de soldats israéliens.
L’incident s’est produit en début d’après midi, aux abords du camp de réfugiés de Jénine, ville au cœur d’une offensive militaire israélienne majeure contre des groupes armés palestiniens dans le nord du territoire. Un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) a filmé plusieurs voitures diplomatiques quittant les lieux à la hâte après les coups de feu.
L’armée israélienne a reconnu des tirs de sommation après que « la délégation s’est écartée de l’itinéraire approuvé et est entrée dans une zone où elle n’était pas autorisée à se trouver », a-t-elle affirmé dans un communiqué. « Les soldats de l’armée israélienne opérant dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner », a précisé l’armée qui déclare « regretter les désagréments causés ». Elle s’entretiendra « prochainement avec les diplomates ».
Selon l’agence de presse palestinienne WAFa, la délégation comprenait des diplomates de nombreux pays, notamment de France, Royaume-Uni, Espagne, Canada, Russie, Turquie, Brésil, Inde, Egypte et Chili.
Le ministère des affaires étrangères palestinien a dénoncé « une violation flagrante et grave du droit international », condamnant « dans les termes les plus fermes le crime odieux commis par les forces d’occupation israéliennes ».
Toute menace contre la vie de diplomates est « inacceptable », a immédiatement réagi à Bruxelles la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. L’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Irlande et l’Egypte ont également condamné les tirs, Rome et Paris annonçant pour leur part convoquer les ambassadeurs d’Israël. Dans la soirée, l’Uruguay a fait de même avec son ambassadrice.
« Une visite à Jénine, à laquelle participait un de nos diplomates, a essuyé des tirs de soldats israéliens. C’est inacceptable. L’ambassadeur d’Israël sera convoqué pour s’expliquer. Plein soutien à nos agents sur place et leur travail remarquable dans des conditions éprouvantes », a écrit sur X le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Dans un communiqué du ministère des affaires étrangères italien, le Secrétaire général de la Farnesina, Riccardo Guariglia, « a protesté » et « contesté le comportement de l’armée israélienne, jugeant inacceptable qu’une délégation diplomatique civile soit expulsée d’une zone sous contrôle de l’armée au moyen d’armes à feu ».
Appels à l’ouverture d’une enquête
Après ces tirs israéliens, la Turquie a pour sa part réclamé que cette attaque fasse l’objet « d’une enquête sans délai ». « Les auteurs doivent rendre des comptes », a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué, précisant qu’un « employé du Consulat général de Turquie à Jérusalem » se trouvait avec le groupe.
L’ONU a également appelé les autorités israéliennes à mener « une enquête minutieuse, à partager les conclusions avec nous et à prendre toutes les mesures pour empêcher qu’un tel incident ne se reproduise. »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « est alarmé par les informations faisant état de ce que l’armée israélienne a appelé des tirs de sommation vers des diplomates, dont du personnel de l’ONU », a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric. « Ces diplomates, y compris du personnel de l’ONU, ont essuyé des tirs, (…) ce qui est inacceptable », a-t-il ajouté.
« Il est clair que des diplomates qui font leur travail ne doivent jamais essuyer de tirs, être attaqués d’une quelconque façon (…). Toute utilisation de la force contre eux est inacceptable », a-t-il insisté.