Les résultats financiers de CMA CGM restent bons. Le français, troisième armateur mondial de porte-conteneurs, a annoncé, vendredi 8 novembre, un bénéfice net de 2,73 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) au troisième trimestre, portant ses profits à 4,1 milliards de dollars depuis janvier, et sans doute près de 5 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année.
La publication de ces résultats intervient deux semaines après le vote en première lecture à l’Assemblée nationale de deux mesures – introduites par amendements dans le projet de loi de finances (PLF) 2025 – qui rogneront ses profits : le plafonnement du gros avantage de la « taxe au tonnage », et la prolongation au-delà de 2024-2025 de la « contribution exceptionnelle » au redressement des comptes publics imposée par le gouvernement à 400 grandes entreprises, dont CMA CGM devrait payer près de 10 %.
La bonne santé du géant marseillais s’explique par des tarifs de fret encore élevés et la persistance inattendue d’importants flux commerciaux, à l’image des exportations chinoises, qui ont atteint un record de 95,7 milliards de dollars en octobre. Industriels et distributeurs ont restocké, aux Etats-Unis notamment, inquiets des tensions sociales dans les ports américains de la côte Est et prévoyants avant la peak season (« pleine saison ») qui précède le Nouvel An chinois, fixé au 29 janvier 2025, quand la Chine accélère exportations et importations avant la fermeture de ses usines.
« Le chiffre d’affaires des activités maritimes a progressé de 43 % par rapport à la même période de 2023 », précise Ramon Fernandez, directeur financier de CMA CGM. Ceux de la logistique (+ 31,1 %) et des terminaux portuaires (+ 35,4 %) sont aussi en forte hausse. Le groupe anticipe une année 2025 moins florissante pour le shipping, marquée par des volumes et des tarifs plus bas, et le retour de surcapacités dans les flottes de porte-conteneurs. Avec, en toile de fond, les crises géopolitiques et un probable regain de protectionnisme une fois le président américain élu, Donald Trump, installé à la Maison Blanche.
« Esprit patriotique »
Ces résultats ne vont pas inciter les députés à assouplir leur décision d’accroître la pression fiscale sur CMA CGM lors de la seconde lecture du PLF au Palais-Bourbon. Le gouvernement a réclamé à 400 grandes entreprises, donc, une « contribution exceptionnelle » au redressement des comptes publics pour 8,5 milliards d’euros sur leurs exercices 2024 et 2025. « L’effort sera de 800 millions pour CMA CGM : 500 la première année et 300 la suivante », indique son PDG, Rodolphe Saadé, dans Le Figaro, le 21 octobre. S’il est prêt à le faire « par esprit patriotique », il refuse d’aller au-delà de 2025. Cinq jours plus tard, le 26 octobre, les députés ont néanmoins voté un amendement des Verts à propos de la pérennisation de cette taxe.
Il vous reste 49.55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.