Si le conflit israélo-palestinien en cours divise autant en France – et ailleurs dans le monde –, c’est parce que deux lectures radicalement antagonistes de son origine, à savoir les massacres terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, s’opposent. Pour les uns, il s’agit d’une continuation, tandis que les autres y voient une rupture. Le 7-Octobre est-il une péripétie particulièrement horrible d’un conflit à l’œuvre depuis 1948 et la naissance d’Israël, ou marque-t-il l’entrée dans une nouvelle ère qui abolit tous les paramètres antérieurs ? De la réponse à cette question découlent des conséquences tant politiques que juridiques, historiques et morales.
Dans une lecture historique du conflit israélo-arabe, le 7-Octobre est la continuation, certes atroce mais hélas prévisible, d’un conflit en cours : il fait suite à d’autres massacres, notamment celui, en 1948, du village de Deir Yassin, dans lequel plus d’une centaine de villageois palestiniens avaient été tués. Cet épisode tragique rappelle que les massacres de civils ne sont pas l’apanage du Hamas. C’est, entre autres, en usant de cette pratique qu’Israël a agrandi son territoire en 1948, comme l’ont révélé les travaux des « nouveaux historiens » israéliens.
Les commentateurs acquis à cette perspective distinguent deux types d’actions menées par le Hamas et ses alliés : les attaques contre les postes-frontières de l’armée israélienne d’une part, et les massacres de civils dans les kibboutz et les villages entourant Gaza ainsi qu’au festival de musique Tribe of Nova de l’autre. Les premières opérations relèvent, selon eux, de la résistance armée à l’encerclement total de la bande de Gaza par Israël, qui consiste à en contrôler tous les accès et qui, selon l’Organisation des Nations unies, s’apparente à une occupation.
Les massacres de civils sont, quant à eux, des actes purement terroristes. Il faut préciser que la très grande majorité des victimes israéliennes sont des civils (815 sur un total de 1 200 morts), et il en va de même des 250 otages. Cette lecture du conflit revient également à prendre en compte la dimension du droit international et à intégrer toutes les résolutions des Nations unies, autrement dit à ne pas faire du 7-Octobre un point d’arrêt.
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