La nouvelle passe d’armes entre la Ligue de football professionnel (LFP) et le diffuseur DAZN, qui menace de ne pas verser la moitié des 70 millions d’euros qu’elle doit aux clubs français, est le énième épisode d’un feuilleton abracadabrantesque qui conduit le championnat de France de football dans une impasse.
Le football français, mondialement réputé pour sa capacité à former de jeunes talents et idéalement placé au centre géographique du cœur battant du football planétaire − l’Europe de l’Ouest −, semble avoir multiplié les mauvaises décisions depuis une dizaine d’années sans qu’aucune force de rappel ait permis de ramener sa gouvernance à la raison.
Les dirigeants du football français ont cru, au milieu des années 2010, que l’argent facile de la diffusion audiovisuelle allait continuer de couler à flots sur la compétition domestique. Ils venaient d’ouvrir grand leur porte au fonds d’investissement qatari Qatar Sports Investments et s’étourdissaient du prestige des recrues du Paris Saint-Germain (Ibrahimovic, Beckham, Neymar, Mbappé…). Le football français s’appuyait sur un diffuseur historique, Canal+, passé maître dans la scénarisation du spectacle sportif et offrant à ses abonnés des contenus complémentaires, en l’occurrence des films de cinéma et des séries.
La présence du codiffuseur BeIN Sports était une sorte de friandise offerte par le Qatar, permettant au football français de s’appuyer sur 748,5 millions d’euros chaque année, hors droits internationaux.
Perte de visibilité
De petits signaux faibles auraient, cependant, pu tempérer l’ardeur de la LFP en 2018, au moment du lancement de l’appel d’offres pour les droits TV 2020-2024 : le fait qu’un club unique (le Paris Saint-Germain) domine sportivement et pécuniairement la compétition et le constat que les diffuseurs essuyaient chaque année des pertes importantes.
Pour qu’une ligue soit attrayante, il faut que s’y affrontent plusieurs locomotives, à l’image des cinq ou six grosses cylindrées de la Premier League, ou de la dizaine de cadors de la Ligue des champions européenne. Le tapis rouge déroulé aux Qataris a certes rempli d’aise tous les consommateurs parisiens (« leur » club passait de la routine domestique aux ors des joutes européennes), mais a durablement amoindri l’intérêt de la Ligue 1.
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