Le président de l’Association des maires ruraux de France, qui assure représenter 12 000 communes, n’a pas pu réfréner son exaspération devant la tournure que prend la vie politique nationale. « Comme beaucoup de mes collègues, je suis en colère », lance Michel Fournier, maire des Voivres (Vosges), jeudi 5 décembre, au lendemain de la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, adoptée à l’Assemblée nationale avec les voix du Rassemblement national et du Nouveau Front populaire. « Le budget 2025, ajoute-t-il dans un communiqué, n’est qu’un faux nez pour un grand nombre de députés au comportement d’enfants gâtés, voire de sales gosses. Ils n’ont pas d’autres ambitions que la leur. »
Le premier édile de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (centre droit), se désole que « l’alliance des deux extrêmes l’[ait] emporté » et ne cache pas son inquiétude. Car « ce chaos politique ne peut que nuire à notre pays », considère-t-il, estimant que « la soumission de la totalité du Parti socialiste [PS], hier glorieux parti de gouvernement, aujourd’hui valet du mélenchonisme, est un désastre démocratique ». Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, s’est justement éloigné du PS lorsque celui-ci s’est allié à La France insoumise, en 2022. « Je suis triste de cette situation montrant un pays qui semble paralysé », confie-t-il, appelant « toutes les forces républicaines » à se réunir « pour permettre une sortie de crise ».
Car « les collectivités ont besoin d’un cap clair », rappelle l’association d’élus Intercommunalités de France, qui agrège « près de mille » regroupements de communes. Les élus locaux doivent boucler leur budget. Une mission délicate tant que l’Etat n’a pas, lui-même, arrêté ses finances pour l’année à venir. Beaucoup de collectivités attendent d’être fixées avant de finaliser leur propre document budgétaire. Jeudi soir, Emmanuel Macron a annoncé qu’un « projet de loi spéciale » serait déposé avant la mi-décembre au Parlement pour assurer la continuité de l’Etat, après le 1ᵉʳ janvier, le temps que le budget 2025 soit adopté. Mais cela ne fait que repousser les décisions, et prolonger d’autant l’incertitude pour les collectivités.
« Facture abominable »
Le projet de loi de finances de Michel Barnier prévoyait de leur demander un effort de 5 milliards d’euros pour participer au redressement des finances très dégradées de la France. « Dans l’immédiat il y a, objectivement, un répit bienvenu pour nous », reconnaît le maire de Toulouse. Mais Jean-Luc Moudenc « ne verse pas dans l’optimisme » pour autant. Car, rappelle-t-il, « nous nous enfonçons dans une grave période d’incertitude politique et budgétaire et parce que la disparition du gouvernement Barnier laisse intacte l’énorme problématique des finances publiques de notre pays ».
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