La réflexion du philosophe Bernard Manin, auteur notamment du désormais classique de philosophie politique Principes du gouvernement représentatif (Flammarion, 1995), a profondément marqué la théorie politique de ces trente dernières années. Une partie de ses textes n’avait pas été publiée avant sa mort, survenue en novembre 2024, ou seulement sous forme d’articles dispersés.
Leur parution ces derniers mois, dans une série d’ouvrages aux Editions Hermann, se révèle d’une particulière acuité en ces temps de recul démocratique et d’offensive contre l’Etat de droit. Le plus récent, Un voile sur la liberté (292 pages, 23,70 euros), préfacé par la politologue Biancamaria Fontana, rassemble des textes inédits écrits dans les années 1990. L’auteur y conduit une analyse historique et philosophique du virage autoritaire de la Révolution française vers la Terreur, ouvrant une réflexion approfondie sur la fragilité des institutions libérales.
Il y met en garde contre le danger des dispositifs d’exception, suffisamment puissants pour suspendre les lois au nom de l’urgence sans être eux-mêmes soumis à des limites. Il insiste aussi sur le risque à désigner les opposants comme ennemis de la nation pour mieux les priver de leurs droits – une constante des régimes illibéraux du XXIᵉ siècle.
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