L’Allemagne est le pays européen le plus exposé à une guerre commerciale avec les Etats-Unis, mais c’est aussi et surtout celui pour lequel le bouleversement idéologique est le plus violent. Non seulement parce que les futurs droits de douane viennent frapper un pays qui a érigé le mercantilisme en doctrine politique depuis l’après-guerre, mais aussi parce qu’ils émanent de son grand allié historique et protecteur, dont l’Allemagne a tant de mal à s’émanciper.
La menace de droits de douane a beau planer depuis le début du premier mandat de Donald Trump en 2017, l’industrie et l’écosystème berlinois semblent avoir toujours été convaincus qu’ils parviendraient à dérouter l’offensive. « Depuis que Merkel a déclaré, en 2017, que l’on ne pouvait plus se fier totalement aux Etats-Unis, deux gouvernements fédéraux ont eu sept ans pour en tirer des conclusions. Ils ne l’ont pas fait », cinglait, à l’occasion de la visite de Joe Biden le 18 octobre 2024, Thomas Jäger, professeur de politique internationale à l’université de Cologne.
La blessure est d’autant plus douloureuse que les Etats-Unis sont redevenus en 2024 le premier partenaire commercial de l’Allemagne pour la première fois depuis 2015, sous l’effet du déclin relatif des échanges avec la Chine. Les fédérations professionnelles le rappellent volontiers : les Etats-Unis sont un gros importateur de voitures, de machines et de produits pharmaceutiques allemands, tandis que l’Allemagne est l’un des plus gros investisseurs sur le sol américain, où ses entreprises emploient près de 900 000 personnes.
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