« Arrêter le massacre » : chaque fois qu’il s’est exprimé sur la guerre en Ukraine en promettant de mettre fin au conflit, c’est ainsi que le candidat, puis président américain, Donald Trump a défini son objectif. Arrêter le massacre, c’est ce que l’on fait avec un cessez-le-feu.
Or tous les historiens et diplomates le diront : cesser les hostilités et construire la paix sont deux choses très différentes. Cesser le feu n’empêche pas le massacre de reprendre si rien n’est prévu pour le jour d’après.
Le problème, c’est que Donald Trump ne parle jamais de « construire la paix » en Ukraine. « Il n’a pas de plan », confient les Européens qui sont allés à la pêche aux informations à Washington ces dernières semaines. Leur grande hantise ainsi que celle des Ukrainiens est donc de voir Russes et Américains, engagés dans des négociations sans eux en Arabie saoudite depuis mardi 18 février, conclure un cessez-le-feu qui ne résoudra rien – et dont ils feront les frais.
Les premières réactions, mardi, après quatre heures de pourparlers à Ryad entre les chefs des deux diplomaties – Marco Rubio pour les Etats-Unis et Sergueï Lavrov pour la Russie –, leur donnent malheureusement raison : l’entretien a été « positif et constructif », s’est félicité un responsable russe. « Les Américains ont commencé à mieux comprendre notre position », a renchéri M. Lavrov, vieux routier de ce type d’exercice : il est ministre depuis vingt ans, seul capable de rivaliser sur cette durée avec Andrei Gromyko, son prédécesseur soviétique qui l’a été vingt-huit années durant. Deux équipes vont maintenant être constituées pour mener les véritables négociations.
Certes, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, se veut rassurant et décrit les choses plus finement que son président : « Il doit s’agir d’une fin permanente à la guerre, pas d’une fin temporaire, comme on a vu par le passé. On sait, c’est juste la réalité des choses, qu’il devra y avoir une discussion sur les territoires et qu’il y aura une discussion sur les garanties de sécurité. » Mais s’il y a une chose que les Européens commencent à comprendre, un mois après le retour du républicain à la Maison Blanche, c’est que dans cette présidence hyperpersonnalisée, seule la parole du chef compte. Et la priorité du chef, c’est un cessez-le-feu.
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