Nawal et Sabeha Sansal, les deux filles de Boualem Sansal, ont appelé ce mardi le président de la République à obtenir la libération de l’écrivain franco-algérien.
Boualem Sansal a été condamné fin mars à cinq ans de prison ferme.
« Notre père reste là, otage d’un contentieux qui ne le concerne pas », ont déploré les deux femmes.
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Après un réchauffement, le ton remonte d’un cran entre Paris et Alger
Elles étaient restées jusque là discrètes. Mais ce mardi 15 avril, les deux filles de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal (nouvelle fenêtre), condamné à cinq ans de prison ferme en Algérie, ont décidé de prendre la parole dans une lettre adressée à Emmanuel Macron et publiée dans Le Figaro (nouvelle fenêtre). Nawal et Sabeha Sansal ont appelé le président de la République à obtenir la libération de leur père au plus vite.
Un cri du cœur qui survient alors que le ton est monté une nouvelle fois ce lundi entre Paris et Alger, après l’expulsion de douze fonctionnaires français décidée par l’Algérie (nouvelle fenêtre), suivie du renvoi de douze agents algériens (nouvelle fenêtre) ordonné ce mardi par la France en guise de riposte.
Un « dernier élan d’espoir »
« Après cinq mois à espérer, à attendre, à croire encore en la lumière de la justice, nous nous sentons aujourd’hui obligées, en tant que filles (…) de nous adresser à vous », écrivent ainsi Nawal et Sabeha Sansal à Emmanuel Macron, qualifiant cette demande de « dernier élan d’espoir ». « Nous avions espéré, jusqu’au bout, qu’une grâce, même discrète, viendrait rétablir l’équilibre des choses. Nous avions cru que le président algérien, conscient de la situation humaine et sanitaire de notre père, entendrait cet appel. Mais il n’en est rien », regrettent les filles de l’écrivain de 80 ans.
Notre père n’a plus beaucoup de forces
Notre père n’a plus beaucoup de forces
Nawal et Sabeha Sansal
« Notre père, Boualem Sansal, a 80 ans. Il est malade. Il est écrivain. Et il est enfermé, soulignent-elles dans leur tribune. Non pas pour un crime, non pas pour une faute, mais pour ce que toute démocratie devrait chérir : ses mots, ses pensées, sa liberté ». Incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre, Boualem Sansal a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison, notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire pour des déclarations en octobre au média français d’extrême droite Frontières où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Il a fait appel de sa condamnation.
Boualem Sansal « n’a plus beaucoup de forces »
À mesure que « les tensions entre la France et l’Algérie s’enlacent dans des jeux diplomatiques qui nous échappent, notre père reste là, otage d’un contentieux qui ne le concerne pas », fustigent les deux femmes, qui ajoutent : « Notre père n’a plus beaucoup de forces, mais il garde au fond des yeux cette étincelle qui, malgré tout, continue de croire en la beauté du geste politique. Nous vous demandons, Monsieur le président, de faire ce geste. »
« J’ai entendu l’appel de ses deux filles », a réagi mardi soir le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot sur le plateau de TF1. « Et je veux les rassurer. Nous ne lâcherons pas nos efforts tant qu’il n’aura pas été libéré », a assuré le ministre des Affaires étrangères, pour qui « Boualem Sansal ne doit en aucun cas faire les frais des tensions entre nos deux gouvernements ». Le 11 avril, Emmanuel Macron se disait « confiant » dans la libération de l’écrivain.