LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, dans Enzo, beau film posthume de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo, un adolescent (Eloy Pohu, acteur non professionnel) fuit sa vie confortable pour devenir maçon. De son côté, Antonin Peretjatko nous emmène en Ukraine dans Voyage au bord de la guerre. A noter aussi que deux films cultes ressortent en salle, Les Chevaux de feu (1965), de Sergueï Paradjanov, et Un rêve plus long que la nuit (1976), de Niki de Saint Phalle.
A voir
« Enzo » : un transfuge de classe, au fond de la piscine
Un gosse de riche qui se rêve maçon. Enzo (Eloy Pohu), 16 ans, travaille comme apprenti sur un chantier de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) et contemple comme un trophée ses mains qui s’abîment. Lorsque ses collègues découvrent qu’il vit dans une villa avec piscine, ils tombent des nues. « Qu’est-ce que tu fous sur ce chantier ? », lui demande l’un des ouvriers, Vlad, ukrainien (Maksym Slivinskyi). Tout un monde sépare ces deux-là : Enzo ne pense qu’à se rapprocher de Vlad, qu’il désire, incarnation d’une autre vie possible. Eloy Pohu, acteur non professionnel, et Maksym Slivinskyi, maçon dans la vraie vie, sont excellents ; la bienveillance et l’intelligence des parents (Elodie Bouchez et Pierfrancesco Favino) apportent de la subtilité à ce récit qui ne cherche pas l’affrontement, mais regarde au fond des yeux un adolescent se débattre. Voir le visage assombri d’Enzo, redoutant de ne pas arriver à s’affranchir, nous bouleverse. Quelque part, il est coincé entre ses murs. Cl. F.
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