LA LISTE DE LA MATINALE
De l’Algérie, avec L’Effacement, de Karim Moussaoui, à la Tunisie des Enfants rouges, de Lotfi Achour, en passant par le Soudan documenté par Hind Meddeb, dans Soudan, souviens-toi, trois récits mêlant l’intime et le politique nous plongent cette semaine au cœur d’un continent africain miné par la violence.
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« L’Effacement » : au nom du père
Les Jours d’avant, le film qui fit découvrir, et admirer d’emblée, Karim Moussaoui en France en 2015, était le récit d’un empêchement : deux jeunes gens des années 1990 dont l’espoir enivrant de satisfaire leur désir réciproque était brisé net par la montée du terrorisme. Film doux et déchirant dont le suivant – En attendant les hirondelles (2017) – approfondissait le motif à travers trois récits, de nouveau empêchés, foulés aux pieds, brisés, vécus à l’époque contemporaine.
Où l’on voit que les motifs intimistes, romantiques, du cinéma de Karim Moussaoui sont puissamment politiques : l’écrasement de l’individu par la société, et plus précisément des jeunes gens par l’ordre patriarcal, y est une constante dramaturgique qui détermine toute la valeur émotionnelle et analytique de cet auteur. L’Effacement – film éponyme adapté d’un roman de Samir Toumi publié en 2016 – en reconduit la donne à travers une relation filiale suffocante tirant discrètement vers le fantastique kafkaïen.
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