Sur une page de cahier dont il a publié la photo sur X, le poète gazaoui en exil Mosab Abu Toha a tracé cinq arbres généalogiques – cinq familles nucléaires au sein d’une même famille élargie, les Khader. Trente-six personnes en tout. Tous ont été tués vendredi 6 juin, le premier jour de l’Aïd el-Kébir, la fête la plus importante du calendrier musulman. Une bombe israélienne a pulvérisé leur immeuble familial de cinq étages dans la ville de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza.
Ne figurent pas sur l’arbre une poignée de survivants, absents au moment du bombardement de l’immeuble, dont le journaliste indépendant Abdelrahim Khader, sorti dans la matinée. Le jeune photographe de 23 ans a filmé les décombres gris de son foyer alors qu’il se ruait vers les gravats. Sur la vidéo, on l’entend hurler : « Maman, papa ! Est-ce que quelqu’un est en vie ? Maman, papa, Moustapha, Karim, répondez, quelqu’un ! »
Le quartier était sous le coup d’un ordre d’évacuation – 82 % de l’ensemble de la bande de Gaza est aujourd’hui en zone militaire ou à évacuer. Cinq corps ont été extraits des décombres, ainsi que des « kilos de chair » qui correspondraient à deux autres dépouilles démembrées, rapporte Abdelrahim Khader, joint depuis Gaza par téléphone. Lui affirme qu’il a pu confirmer la mort de 38 personnes – il ignore si d’autres étaient présentes dans cette maison ce jour-là. L’une de ses sœurs, mariée, qui ne vit plus avec eux, et un oncle qui était sorti ont survécu.
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