Livre. Les forces spéciales se racontent rarement, et encore moins les forces spéciales de l’armée de l’air. Ces unités de commandos parachutistes projetées sur les missions parmi les plus complexes des armées ne sont qu’au nombre de trois en France. Mais pour la première fois, l’« opérateur » de l’une d’entre elles raconte leur quotidien dans Les Guerriers du 10 (Mareuil, 192 pages, 27 euros).
Ce livre n’est pas un livre de révélations. Son auteur, Nicolas S., dit « Stan », a dûment fait valider par sa hiérarchie le contenu de l’ouvrage avant sa publication. Beaucoup de noms de lieux et certaines scènes ont été édulcorés afin de ne pas compromettre le secret des opérations. Les Guerriers du 10 n’en demeure pas moins un témoignage inédit sur les missions des forces spéciales du CPA 10, l’une des plus prestigieuses de ces unités commandos, basée à Orléans.
A travers la description de 10 missions étalées sur vingt ans, Nicolas S., entré à 19 ans dans l’armée de l’air avant de devenir le numéro titre du CPA 10 avec le titre de « sous-chef opération », détaille avec minutie les engagements dont l’unité s’est fait une spécialité. Elles vont de l’évacuation de ressortissants dans des zones sensibles à la neutralisation de cibles terroristes à haute valeur, notamment durant les dix années où la France a été engagée au Sahel (2013-2023).
Ces missions sont souvent assimilables à des formes d’opérations de « police » à l’étranger, explique Nicolas S. : recherche d’indices et de témoins, capture d’individus, etc. A cela près que ce travail est mené sur des théâtres de guerre parmi les plus exposés. Six noms de membres du CPA 10 morts au combat depuis 1997 figurent d’ailleurs en début de livre, même si Nicolas S. a fait le choix de ne pas raconter les opérations qui leur ont coûté la vie.
Un objet atypique
L’auteur s’essaye aussi à la description du stage de sélection, des entraînements et de la vie quotidienne du quartier Reymondaud, le fief du CPA 10, à proximité de la base aérienne d’Orléans-Bricy. Mais alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite opérationnelle, ce père de trois enfants, âgé de 43 ans, reste toutefois très pudique sur l’impact de ses presque vingt-cinq ans de carrière sur sa vie personnelle et familiale.
Les Guerriers du 10 est un objet atypique dans son format. Nicolas S. et les éditions Mareuil ont pris le parti d’un livre aux allures d’album illustré avec des dessins en couleur sur papier glacé. L’enjeu n’est pas caché : aider à d’éventuels recrutements alors que les forces spéciales, comme d’autres composantes des armées, n’échappent pas à l’érosion des vocations après quelques années de contrat.
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