L’Assemblée nationale fourmille. L’ordre du jour dense et chargé s’étend jusqu’à la clôture de la session ordinaire, fin juin. Cependant, certains députés ont l’impression que la machine tourne à vide. Sans projets de loi gouvernementaux, l’Hémicycle est occupé par une multitude de propositions de loi sectorielles (fraude aux moyens de paiement scripturaux, développement raisonné de l’agrivoltaïsme, compétitivité du secteur agroalimentaire…) si étroitement liées au quotidien des Français qu’elles en deviennent « dérisoires », selon le député d’Eure-et-Loir Harold Huwart (divers centre). Pour lui, ces propositions « ne sont même pas dignes d’un arrêté ministériel ». Il estime que « le pouvoir a déserté l’Assemblée nationale, qui n’est plus un lieu de décision ». Une opinion partagée par d’autres.
Il semble loin le temps où, après les élections législatives de 2022, et plus encore celles de 2024, la fin du fait majoritaire laissait espérer un retour du pouvoir à l’Assemblée nationale. La censure du gouvernement le 4 décembre 2024, fait rare et acte incontestable d’autorité parlementaire, semblait aller dans ce sens. Pourtant, plus de trois mois après la chute du gouvernement Barnier, si le nom du premier ministre a changé, la politique menée et le socle parlementaire sur lequel il s’appuie demeurent inchangés. Mais cette fois, le gouvernement a engagé des discussions avec le Parti socialiste (PS), évitant ainsi une censure précoce. « Si on avait été dans une démocratie parlementaire aboutie, on aurait discuté entre groupes. Là, on a discuté avec le gouvernement qui lui-même discutait avec les groupes qui le soutiennent », reconnaît Boris Vallaud (PS, Landes).
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