Les salariés devront s’en contenter. Mardi 1er juillet, lors d’une « session d’échanges » avec les employés de SFR, Arthur Dreyfuss, le PDG d’Altice France, sa maison mère, a refusé de démentir les « rumeurs » sur une vente de l’opérateur à la concurrence. Sinon, a-t-il fait valoir, « on passerait notre temps à démentir. » Cette sortie intervient alors que la possibilité d’une consolidation autour de SFR électrise le secteur depuis des mois. Ses rivaux, Orange, Bouygues Telecom et Free (dont le propriétaire, Xavier Niel, est actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde), ne sont pas insensibles à la perspective d’un retour à trois opérateurs, synonyme d’une moindre concurrence et de plus gros profits.
Face à ses troupes, Arthur Dreyfuss s’est davantage épanché sur la restructuration financière d’Altice France. Le groupe de l’homme d’affaires Patrick Drahi a annoncé, fin mai, son entrée en procédure de sauvegarde accélérée. Son objectif : finaliser un accord avec ses créanciers pour réduire son énorme dette de 24 à 15,5 milliards d’euros, en échange de 45 % du capital. Patrick Drahi, lui, conservera une participation majoritaire de 55 %. « Fin septembre ou début octobre, ce sujet sera derrière nous », s’est félicité Arthur Dreyfuss, louant l’« avenir serein » qui attend, selon lui, SFR, grâce à une situation financière « assainie ».
Mardi, devant le siège parisien de l’opérateur à Balard, plusieurs salariés ne partageaient guère son optimisme. « Les gens sont à la fois inquiets pour leur avenir et méfiants », affirme un ingénieur réseau qui tient, comme tous ceux interrogés, à garder l’anonymat. Sa crainte est celle d’une « vente à la découpe » de SFR, et d’une disparition de l’opérateur pour lequel il travaille depuis « plus de vingt-cinq ans ». Un ingénieur chargé du développement de logiciels qualifie de « bullshit » les propos de la direction. « Personne ne sait exactement ce qui se passe », poursuit-il, en se disant persuadé que l’opérateur « ne sera pas vendu ».
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