Moins de projets d’investissements et à la clé moins d’emplois : la France a perdu en attractivité en 2024, entre instabilité politique et contexte international inédit, selon les chiffres dévoilés par le ministre délégué au commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, mardi 4 mars.
« Le nombre de décisions d’investissements internationaux s’est contracté de 7 % en 2024 », annonce-t-il dans un entretien accordé au quotidien économique Les Echos, précisant que le chiffre s’est établi l’an dernier à « 1 688 projets ». Plus impressionnante, la forte baisse des promesses d’emplois liées aux décisions d’investissements, « en repli de 36 % sur un an », selon le ministre.
Des chiffres qui dressent un tableau sombre de l’économie française en 2024, mais que Laurent Saint-Martin tient à relativiser : la baisse du nombre de projets « est plus faible que chez nos voisins européens notamment. Cela nous maintient toujours largement au-dessus des niveaux pré-Covid, ce qui démontre que la France reste un pays très attractif pour les entreprises étrangères ».
De même, concernant l’effondrement des promesses d’emploi, Laurent Saint-Martin demande de « remettre ce chiffre en perspective après des années 2022 et 2023 post-Covid exceptionnelles », et ajoute que « cette baisse sur l’emploi s’observe aussi chez nos voisins ».
Pour expliquer cette érosion de l’attractivité de la France, le ministre met en avant « un contexte international extrêmement complexe, qui plus est marqué par un ralentissement économique dans de nombreux pays, et dans un contexte hexagonal marqué par un certain attentisme dû à l’incertitude économique et politique ».
L’instabilité politique a eu des conséquences négatives, selon l’AmCham
Ces chiffres issus du rapport annuel de Business France, qui seront officialisés mercredi matin, font écho à ceux de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham), publiés le même jour, mardi. Ces derniers mettent en avant l’influence de l’incertitude politique et budgétaire en France sur le moral des investisseurs américains.
En 2024, la France a connu quatre chefs de gouvernement différents, une dissolution de l’Assemblée nationale, la première adoption d’une motion de censure depuis plus de soixante ans, et son budget pour 2025 a été adopté avec plusieurs semaines de retard.
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D’après l’AmCham, une majorité d’investisseurs américains estime que la dissolution de l’Assemblée nationale en juin (51 %) et la chute du gouvernement Barnier en décembre (78 %) ont affecté négativement leurs investissements en France ou l’attractivité du pays, selon cette enquête effectuée auprès de 151 entreprises américaines représentant plus de 95 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 220 000 employés en France.
Alors que les Etats-Unis y sont le premier investisseur étranger, la perception de la France par les maisons mères s’est dégradée en 2024 : 36 % la jugent bonne et 3 % excellente, contre 45 % et 7 % en 2023. « Le baromètre de l’AmCham a été effectué au pire moment, en pleine censure du gouvernement Barnier et alors qu’il n’y avait pas de budget adopté », a répliqué Laurent Saint-Martin dans Les Echos.
Un contexte international plus chaotique que jamais
Par ailleurs, le nombre de projets d’investissements se maintient « toujours largement au-dessus des niveaux pré-Covid, ce qui démontre que la France reste un pays très attractif pour les entreprises étrangères », argue Laurent Saint-Martin.
Il se montre optimiste pour les mois à venir : « J’observe que les premiers signaux de l’année 2025 sont extrêmement bons et nous confortent dans l’idée que l’incertitude et l’attentisme des investisseurs sont désormais largement derrière nous. »
Si la politique intérieure a retrouvé davantage de stabilité depuis l’adoption du budget début février, le contexte international est en revanche plus chaotique que jamais, sur fond de guerre commerciale menée par Donald Trump.
Le président américain, qui a annoncé des mesures contre la Chine, le Canada et le Mexique, a également l’Europe, et donc la France, dans son viseur, ce qui pourrait encore ralentir les investissements américains en France.
Les hausses de droits de douane décidées par Donald Trump « auront des impacts négatifs pour tout le monde » et « d’abord aux Etats-Unis », prévient le ministre du commerce extérieur, avertissant que « l’Europe est prête à riposter ». « Si vous montrez de la faiblesse face à Donald Trump, vous risquez de perdre encore plus », a justifié Laurent Saint-Martin.