Malgré les démarches diplomatiques en cours, l’agression russe contre l’Ukraine continue, avec sa barbarie désormais banalisée. Le caractère mensonger de la propagande poutinienne est plus évident que jamais : avant que le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ne reconnaisse que les bombardements sur Soumy étaient bien le fait de l’armée russe, les principaux propagandistes du régime, les journalistes Margarita Simonian et Vladimir Soloviev, présentaient ce nouveau massacre comme une mise en scène ukrainienne.
Ils pratiquent ainsi le même négationnisme qu’après les crimes de Boutcha et il ne manque pas de voix en France pour répéter leurs propos odieux. Des formes d’ingérence assez spectaculaires ont fait la une : le recours à l’intelligence artificielle ou les opérations baptisées « Döppelganger » et « Matriochka », qui ont permis de répandre de fausses informations sur Internet en usurpant les identités visuelles de médias connus ou d’organisations.
Des structures telles que Viginium, le service de vigilance et protection français contre les ingérences numériques étrangères (qui dépend du premier ministre), réussissent à les détecter, mais ne peuvent les bloquer. Nous voudrions mettre en évidence ici un problème moins spectaculaire, mais plus inquiétant : le contournement, par les opérateurs français, des sanctions européennes contre les médias russes et le manque de diligence de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).
Depuis mars 2022, l’Union européenne (UE) a adopté deux types de sanctions : contre les services, d’une part, et contre les entreprises ou des individus, d’autre part. Les sanctions contre les services ont frappé, dès le 1er mars 2022, Russia Today (RT) et Sputnik. En juin 2022, l’Union européenne a adopté des mesures contre les chaînes en russe en Europe, RTR-Planeta, Rossia 24 et TV Centre. En décembre 2022 ont été visées les principales chaînes de propagande s’adressant au public russe, Rossia 1, Pervy Kanal, NTV et REN.
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