Les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) investissent massivement dans l’intelligence artificielle (IA) et l’informatique quantique. Mais les Gafam investissent aussi dans une autre technologie : l’évaluation d’impact. Entre deux images d’un produit, laquelle maximisera le nombre de clics sur une fiche Amazon ? Entre deux organisations possibles d’un fil Instagram, laquelle maximisera le temps que nous passons sur cette application ? Autant de questions d’évaluation d’impact, au cœur de leur modèle économique.
L’évaluation d’impact est une discipline de recherche à l’intersection des statistiques et de l’économétrie, à laquelle nous contribuons. Elle est en général utilisée pour évaluer des traitements médicaux, mais aussi des politiques publiques. Par exemple, quel est l’impact de diviser la taille des classes par deux sur les apprentissages des élèves ? Ou quel est l’impact d’une hausse des droits de douane sur l’économie des pays concernés ? Si l’idée de base de l’évaluation d’impact est simple – on compare un groupe test, qui reçoit la politique ou le médicament, à un groupe de contrôle, qui ne le reçoit pas –, les choses se compliquent dès qu’on sort du cadre idéal de l’essai clinique randomisé, et de nouvelles méthodes d’évaluation apparaissent constamment.
C’est donc en recrutant des chercheurs que les Gafam investissent progressivement le champ, comme ils l’ont fait dans l’IA et le quantique. Amazon emploie 400 docteurs en économie, soit autant que la Réserve fédérale américaine et huit fois plus que le département d’économie de Harvard. De nombreux économètres de premier plan, dont des Prix Nobel, travaillent aussi à temps partiel pour cette entreprise. Des outils d’évaluation créés par notre équipe ont été utilisés par des chercheurs Amazon, pour optimiser la fréquence de la publicité sur Alexa. Amazon n’est pas une exception, tous les Gafam recrutent des économistes pour optimiser leurs produits, en utilisant des outils créés par des universitaires.
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