Leur mission aura été de courte durée. Arrivés en mai au Burkina Faso pour épauler la junte du capitaine Ibrahim Traoré, les hommes de la Brigade Bear, une société militaire privée liée au ministère de la défense russe, sont en train de faire leurs paquetages.
Cette unité compterait près d’une centaine d’hommes, sur les 200 à 300 éléments russes actuellement déployés au Burkina Faso. Raison officielle de ce départ, seulement trois mois après leur arrivée : participer à l’effort de défense russe contre l’offensive lancée par l’armée ukrainienne le 6 août dans la région de Koursk.
Contacté par Le Monde le 22 août via la messagerie cryptée Telegram, Viktor Yermolaev, le commandant de la Brigade Bear, alias « Jedi », a confirmé ce retrait. « Lorsque l’ennemi arrive sur notre territoire russe, tous les soldats russes oublient les problèmes internes et s’unissent contre un ennemi commun », a-t-il écrit.
Cinq jours plus tard, le 27 août, la chaîne Telegram de son unité diffuse un message plus explicite indiquant qu’« en lien avec les événements récents, la brigade retourne en Crimée ». C’est en effet en Crimée occupée, à Perevalne, que se trouve le camp de base de la Brigade Bear, dont Viktor Yermolaev assure qu’elle n’a « aucun lien avec le ministère russe de la défense ».
Des contacts sont pourtant avérés avec certains de ses cadres. Le 5 avril 2023, Iounous-bek Evkourov, le vice-ministre russe de la défense, qui supervise aujourd’hui tout le dispositif militaire du Kremlin sur le continent africain, s’était ainsi rendu en personne dans le camp de Perevalne pour lui apporter son soutien.
Problèmes de paiement ?
Selon une source occidentale, le départ de la Brigade Bear au Burkina Faso pourrait aussi être lié à des mécontentements internes en raison de problèmes de paiement de certains combattants. « C’est un non-sens complet, répond Viktor Yermolaev. Nous partons car l’ennemi [l’armée ukrainienne] est entré en Russie. Nous retournerons en Afrique dès que nous aurons terminé le travail à la maison. »
Présents au Burkina Faso depuis fin 2023 à la demande du capitaine Ibrahim Traoré, désireux de sécuriser davantage son régime après une tentative de coup d’Etat, les militaires et paramilitaires russes y participent, entre autres, à la formation de soldats et coopèrent avec les services de renseignement.
Les hommes de la Brigade Bear, eux, assuraient notamment des missions de protection de personnalités. De l’ambassadeur russe, selon Viktor Yermolaev, mais aussi très probablement du capitaine Traoré en personne. Le 25 juillet, à Ouagadougou, le chef de la junte avait été filmé pour la première fois, dans une vidéo amateur, entouré et protégé par des paramilitaires russes masqués en treillis, dont au moins un arborait un écusson de la Brigade Bear sur le bras.
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