Trouver une trentaine de milliards d’euros supplémentaires par an, sur les prochaines années, pour financer l’effort de guerre, voilà le nouveau et redoutable défi auquel est confronté l’exécutif, depuis le lâchage de l’Europe par Donald Trump. Le casse-tête budgétaire s’annonce d’autant plus diabolique qu’Emmanuel Macron a fixé le cadre, dans son allocution télévisée du 5 mars : il faudra « des réformes, des choix, du courage », a-t-il prévenu. Mais de hausse d’impôts, il n’est pas question.
Pourtant, si le réarmement du pays apparaît nécessaire face à la menace russe, il peut difficilement s’envisager sans un resserrement de la cohésion nationale. Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, le dit sans ambages : le peuple « veut bien contribuer à faire des efforts, mais il faut que tout le monde fasse des efforts ». Difficile de ne pas lire entre les lignes : comment, d’un côté, envisager une réduction des dépenses publiques sans, de l’autre, solliciter davantage les plus aisés ?
Une note de l’Institut des politiques publiques, publiée en juin 2023, fondée sur l’analyse des déclarations de revenus et déclarations fiscales des entreprises en France en 2016, démontre qu’il existe une marge de manœuvre. Pour les « milliardaires », la frange des 0,0002 % les plus riches du pays, l’impôt sur le revenu ne représente qu’une « fraction négligeable » du total de leurs revenus, le principal impôt acquitté étant l’impôt sur les sociétés. Une note émanant de la direction générale des finances publiques, publiée fin janvier, élargit le tableau. Les auteurs y indiquent que, sur les vingt dernières années, le revenu annuel des 40 700 foyers fiscaux les plus riches du pays a doublé en vingt ans.
Accroissement des inégalités devant l’impôt
Ce chiffre est spectaculaire et ne concerne qu’un tout petit nombre de personnes. Il ne doit pas cacher la forêt : depuis deux décennies, les inégalités devant l’impôt s’accroissent en France. La moitié la plus modeste de la population et une frange de 9,9 % de personnes aisées ont vu s’alourdir le montant de leur contribution. Dans le même temps, les classes moyennes supérieures et les personnes vraiment les plus riches ont vu la leur s’alléger.
Il vous reste 48.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.