Le ministre de l’intérieur et président des Républicains (LR), Bruno Retailleau, a dénoncé, samedi 13 septembre, « des décennies d’errance budgétaire » et rejeté les propositions du Parti socialiste (PS) pour réduire les déficits, au lendemain de la dégradation de la note de la dette française par l’agence Fitch, de AA− à A +, devant l’instabilité gouvernementale et les incertitudes sur les politiques budgétaires.
« La dégradation de la note de la France vient sanctionner non seulement l’instabilité chronique voulue par les ingénieurs du chaos mais aussi des décennies d’errance budgétaire et de politiques social-étatistes », a-t-il écrit sur X. « Il est plus que temps de redresser la barre. Ce que proposent les socialistes ne fera que tout aggraver », a ajouté Bruno Retailleau, alors que le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, espère un terrain d’entente avec le PS pour faire passer le budget 2026 à l’Assemblée nationale, où il n’a pas de majorité.
L’ancien premier ministre, François Bayrou, renversé lundi lors d’un vote de confiance sur la question des finances publiques, a pointé dès vendredi soir une responsabilité collective. « Note Fitch : un pays que ses “élites” conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix », a publié le président du MoDem sur X. François Bayrou avait multiplié ces dernières semaines les discours alarmistes sur l’état des finances publiques et sur les dangers que l’endettement fait peser, selon lui, sur l’avenir du pays.
« Dramatisation » de l’état des finances publiques
« La dégradation de la note doit nous réunir pour, ensemble, réagir et corriger durablement la trajectoire budgétaire de la France », a de son côté réagi sur X la ministre du commerce démissionnaire, Véronique Louwagie (LR).
Le président de la commission des finances de l’Assemblée, Eric Coquerel (La France insoumise, LFI), a, lui, estimé que « les seuls responsables de cette évaluation sont ceux qui ont dramatisé l’état des finances publiques pour le bénéfice unique de leur agenda politique », arguant que la « dette française reste sûre et recherchée ». « Si le prochain gouvernement choisit lui aussi de s’appuyer sur les marchés pour imposer l’austérité, il court à la catastrophe annoncée par lui-même et conduira le pays toujours plus loin dans la crise économique, sociale et écologique », a-t-il ajouté dans un communiqué.
L’agence américaine a invoqué pour justifier sa décision « la chute du gouvernement lors d’un vote de confiance », qui « illustre la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure ». Elle estime que « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d’ampleur », jugeant improbable de ramener le déficit public au-dessous de 3 % du PIB en 2029, comme l’ambitionnait le gouvernement sortant.
L’abaissement de la note de la dette française, qui se situe désormais dans la catégorie de qualité « moyenne supérieure » et non plus « haute », est « une mauvaise nouvelle », a réagi de son côté sur France Inter samedi le président de la Fédération bancaire française, Daniel Baal, estimant que celle-ci relève « d’abord [d’]une responsabilité politique ».
« C’est juste le résultat de politiques, notamment de politiques budgétaires, menées depuis très longtemps dans ce pays qui nous conduisent dans cette situation extrêmement complexe », a-t-il développé. « C’est d’abord une responsabilité politique. Ce n’est certainement pas une responsabilité des entreprises », et « ce qui s’est passé ces derniers mois n’arrange pas la situation », a-t-il ajouté, citant « l’incertitude constante » née de la dissolution, en juin 2024.