LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, désillusion tous azimuts. Celle de jeunes envoyés souvent malgré eux au lycée professionnel, lequel traverse une crise existentielle. Celle des scientifiques de l’espace, confrontés à une montée sans précédent des fake news véhiculées par les conspirationnistes. Et celle de Michel Foucault quant à la marche du monde, qu’il ne cessa de dénoncer au long d’une vie menée à cent à l’heure, jusqu’à sa disparition voici tout juste quarante ans.
Les désillusions d’élèves en lycée professionnel
Alexandre Hilaire est retourné au lycée professionnel Marius-Bouvier, à Tournon-sur-Rhône (Ardèche), où il était scolarisé entre 1997 et 2000. Il filme avec délicatesse ces jeunes qui doivent naviguer entre rêves d’adolescents et réalités d’un système rigide. A la périphérie de la ville, l’adolescent qu’il était alors découvre un environnement qu’il ne comprend pas, entre lieu de travail et univers scolaire. Il n’a pas choisi son orientation en BEP électronique : c’était la seconde générale, option cinéma, qui l’intéressait. « Je suis en colère, mais je ne le montre pas », précise le réalisateur en voix off.
Le lycée professionnel traverse aujourd’hui une crise existentielle que le film ne cherche pas à éviter. Régulièrement réformée, la « voie pro » a vu la part de l’enseignement général se réduire au profit du temps en atelier et plus récemment des stages en entreprise.
Les images d’archives permettent au réalisateur de déployer le dispositif du film : retrouver ses copains, devenus adultes, et croiser leurs témoignages avec ceux des élèves aujourd’hui en filière électronique dans le même lycée. Eux non plus n’ont pas toujours choisi d’être là. On rencontre ainsi Valentin, un lycéen de 15 ans, arrivé ici « par hasard », mais décidé à faire carrière dans le sport. « On me dit “tu ne peux pas faire Staps [sciences et techniques des activités physiques et sportives] parce que t’as pas le niveau”, s’agace-t-il lors d’une séance d’aide à l’orientation. Mais comment vous savez que j’ai pas le niveau ? »
Les retrouvailles avec les vieux amis, souvent touchantes, racontent en creux la même chose. Si les anciens élèves rapportent que ça ne s’est pas si mal terminé pour eux, ils disent aussi leur sentiment d’impuissance devant des choix que l’on a, bien souvent, plus ou moins faits à leur place. Et qui ont laissé des traces. V. M.
Nos vies adultes, documentaire d’Alexandre Hilaire (France, 2024, 51 min). A la demande sur france.tv jusqu’au 30 juin.
Michel Foucault ou les métamorphoses d’un penseur pop
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