A 78 ans, Annie, pour qui être de droite est avant tout « une façon d’être : respect, autorité et droiture », n’a jamais fait défaut à sa famille politique, malgré ses échecs successifs depuis le départ de l’Elysée de Nicolas Sarkozy en 2012. Alors, voir Les Républicains (LR) revenir aux responsabilités, avec la présence de Michel Barnier à Matignon et l’obtention de dix ministères dont l’intérieur, l’agriculture ou encore les outre-mer, a ravi cette sympathisante LR dans l’Allier. « Ça nous redonne de l’espoir ! Enfin ! On a loupé le coche plusieurs fois, Michel Barnier va peut-être réussir à relancer LR », espère cette retraitée, qui se revendique toujours comme « gaulliste ».
Seulement trois semaines après la nomination de l’ancien négociateur en chef du Brexit, Annie se sent d’ores et déjà « considérée » et « rassurée » par la personnalité et le style de ce nouveau premier ministre, âgé de 73 ans. « C’est un homme qui inspire la confiance par sa stature, sa froideur. Il garde ses distances, il parle peu, c’est appréciable », liste la retraitée.
Le choix opéré par Emmanuel Macron de nommer M. Barnier à Matignon fait consensus au sein des électeurs de droite rencontrés. Xavier Bertrand, au profil plus clivant, aurait suscité moins d’enthousiasme, disent-ils. Par la seule nomination de l’ancien ministre de l’agriculture, ces sympathisants LR veulent croire au retour « de la stabilité » et « de l’ordre » après deux ans chaotiques à l’Assemblée nationale, dont la dissolution a amplifié la fragmentation des équilibres.
« Compromis »
Pour aborder cette majorité relative aux risques politiques multiples, Georges, encarté « depuis 1970 » dans les différents partis de droite qui se sont succédé, apprécie, lui, les « qualités de fin négociateur » de M. Barnier. « Il n’est pas pour la compromission, il est pour le compromis », relève le retraité de 75 ans, militant LR dans le Territoire de Belfort, regrettant qu’« en France, on n’a pas cette mentalité de travailler avec des gens qui ne sont pas d’accord avec vous mais avec qui il faut faire un petit bout de chemin ensemble ».
A 21 ans, Emilien Thérond n’a, lui, connu que Les Républicains, dont il est adhérent depuis l’âge de 14 ans dans le Cantal. Malgré son jeune âge, il voit dans le soutien à M. Barnier l’illustration que « la politique de l’ancien temps rassure les gens », après sept ans de macronisme. « Cette politique chiraquienne n’était peut-être pas si mauvaise », analyse l’étudiant en droit.
Qu’importe si le groupe parlementaire LR à l’Assemblée nationale est passé de 61 à 47 députés, devenant la cinquième force seulement du Palais-Bourbon. Le Nouveau Front populaire (NFP) – arrivé en tête du scrutin – a beau dénoncer un « mépris des urnes », l’accord passé entre le camp présidentiel et les dirigeants LR était la seule issue possible afin d’avoir un gouvernement qui ne soit pas renversé immédiatement à l’Assemblée, soutiennent ces électeurs de droite. Même si l’avenir de l’exécutif va dépendre du choix du Rassemblement national (RN) de voter, ou non, des motions de censure déposées par la gauche.
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