A quatre jours du vote de confiance qui devrait, sauf surprise, entraîner le départ de François Bayrou de Matignon, les partis politiques planchent déjà sur l’après. Quitte à afficher leurs divergences publiquement, comme chez Les Républicains.
Invité de BFM-TV et RMC, jeudi 4 septembre, le président des députés LR, Laurent Wauquiez, a assuré que le parti de droite ne censurera « ni un gouvernement PS ni un gouvernement RN » pour éviter « une instabilité catastrophique ». « Nous ne faisons pas partie de ceux qui font tomber des gouvernements dans ce pays, tout simplement (…) parce que je pense que l’instabilité est catastrophique pour le pays », a-t-il affiché.
Mais, quelques heures plus tard, le président des Républicains et ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a affirmé dans un message posté sur X qu’il « ne [pouvait] pas y avoir de chèque en blanc ». « Si un gouvernement socialiste devait mener une politique contraire aux intérêts de la France, le devoir de la droite serait de l’empêcher », a-t-il prévenu. Pour le sénateur vendéen, « si LR a accepté d’entrer au gouvernement, c’est justement pour empêcher la gauche d’accéder au pouvoir ».
Selon l’entourage de M. Wauquiez auprès de l’Agence France-Presse, le patron des députés LR a défini cette ligne « dès l’été 2024 » après la dissolution, lorsqu’il s’était engagé à « ne censurer d’office aucun gouvernement, sauf s’il y a des ministres LFI ». « Mais évidemment, on ne s’interdit rien ensuite en fonction de la politique qui est menée », a ajouté cette source.
Wauquiez votera la confiance à Bayrou « sans enthousiasme »
Concernant un éventuel gouvernement dirigé par le Rassemblement national, le député LR de Haute-Loire a estimé que le parti d’extrême droite « fait partie de l’arc républicain », tout en reprochant au mouvement dirigé par Jordan Bardella de ne pas vouloir « réguler l’assistanat ». « Un parti qui se présente à des élections, qui a des élus et qui n’est pas interdit et qui est légal, bien sûr qu’il est dans l’arc républicain », a affirmé celui qui a plaidé ce printemps pour une alliance des droites allant de Gérald Darmanin à Sarah Knafo (Reconquête !).
Avant le vote de confiance de lundi à l’Assemblée, qui devrait acter la chute du gouvernement, M. Wauquiez s’est aussi déclaré « déçu » par François Bayrou, qui ne s’est pas engagé publiquement à revenir sur la suppression de deux jours fériés, alors qu’il « [lui] avait donné son accord » lors d’une réunion avec la direction de LR mardi à Matignon.
« J’espère qu’aujourd’hui ou demain, ce sera clarifié de façon beaucoup plus nette », a ajouté le député de Haute-Loire, laissant entendre que tous les députés LR ne suivraient pas dans ces conditions les mots d’ordre du parti et de M. Retailleau pour soutenir le chef du gouvernement.
« A l’intérieur aujourd’hui des Républicains, si jamais la voix de la France qui travaille n’est pas entendue, il y a un grand nombre de députés qui ne voteront [pas la confiance] », a-t-il assuré, précisant que lui-même la voterait « sans enthousiasme mais par esprit de responsabilité ».