Les professeurs ayant plus de quinze ans d’ancienneté, soit près de 70 % de la profession, attendent toujours une revalorisation significative de leurs salaires, qui ont subi un décrochage significatif en quelques décennies. L’édition 2024 du rapport « Regards sur l’éducation », réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et publiée mardi 10 septembre, vient une nouvelle fois étayer leur demande, alors qu’Emmanuel Macron avait promis, lors de sa réélection, en 2022, d’augmenter tous les enseignants de 10 %.
Les salaires réels de ces enseignants chevronnés sont restés stables entre 2015 et 2023, constate l’organisation intergouvernementale. Si les salaires « statutaires » des professeurs de collège ont crû de 15 %, entre 2015 et début 2023 sans l’inflation, cette hausse n’est que de 1 % si l’on tient compte de la montée des prix. Dans le même temps, la hausse réelle des rémunérations s’est élevée à 4 % dans la moyenne des pays de l’OCDE.
L’augmentation est toutefois plus marquée pour les enseignants français en début de carrière : elle est de l’ordre de 5 %, entre 2015 et 2023. « Si la France rattrape son retard sur les rémunérations des enseignants débutants, ce n’est toujours pas le cas pour les professeurs en milieu de carrière », remarque Eric Charbonnier, analyste à l’OCDE. Les enseignants français avec plus de quinze ans d’ancienneté possèdent toujours des salaires plus bas de 16 % en comparaison avec la moyenne des pays de l’OCDE.
« Il nous reste beaucoup à faire »
La ministre de l’éducation nationale démissionnaire, Nicole Belloubet, l’a reconnu lors de la présentation de « Regards sur l’éducation », dans les locaux de l’OCDE, à Paris : « Les données comparatives de rémunérations des enseignants sont encore, au moins pour les milieux de carrière, au désavantage de notre pays. Il nous reste beaucoup à faire pour renforcer l’attractivité du métier d’enseignant », juge la responsable politique.
En septembre 2023, de nouvelles hausses de salaire sont intervenues. Les titulaires débutent désormais à 2 100 euros net par mois contre moins de 1 700 euros en 2020. Les enseignants ayant jusqu’à dix ans d’ancienneté ont perçu 200 euros net supplémentaires et ceux qui affichent plus de quinze ans d’ancienneté ont reçu 95 euros. En parallèle, moins d’un enseignant sur trois a signé un pacte, ce dispositif qui prévoit la rémunération de missions supplémentaires comme le remplacement de courte durée.
Ce chantier des rémunérations des enseignants est donc à l’arrêt depuis près d’un an. En octobre 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’éducation nationale, avait jugé, dans un entretien au Monde , qu’il fallait « avancer sur les autres leviers de l’attractivité » du métier d’enseignant. Mais la valse des ministres de l’éducation, entre décembre 2023 et février 2024, puis la dissolution de l’Assemblée nationale ont interrompu toute concertation sur le sujet.
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