LETTRE DE NEW DELHI
Rire de la religion ou des hommes politiques dans « la plus grande démocratie du monde » est périlleux. Kunal Kamra, un humoriste indien de 36 ans, connu pour ses sketchs acerbes contre la classe politique et les puissants, est désormais sous le coup de trois plaintes notamment pour diffamation et abus de pouvoir. Elles émanent de la police, d’élus et de membres d’une formation d’extrême droite, le Shiv Sena, allié au parti au pouvoir de Narendra Modi, le premier ministre indien qui, il y a peu, se gargarisait d’aimer la critique, « l’âme de la démocratie », selon lui.
La seule faute de M. Kamra est d’avoir moqué, sans le nommer, le numéro deux du gouvernement régional de l’Etat du Maharashtra, et ancien chef de gouvernement régional, Eknath Shinde. Dans une chanson parodique, il s’amuse du « gaddar », « le traître », en référence à sa spectaculaire trahison en 2022. L’élu avait lâché son parti, s’associant à celui de M. Modi pour prendre le pouvoir au Maharashtra. Depuis, l’opposition désigne régulièrement M. Shinde par le surnom « Gaddar ».
M. Kamra s’est produit en janvier au comedy club Habitat, une petite salle d’une centaine de spectateurs à Bombay, et son show s’est déroulé sans incident. Mais une vidéo de son spectacle diffusée deux mois plus tard a provoqué la fureur des partisans de M. Shinde. Quelques heures après la mise en ligne, ils ont débarqué à l’Habitat pour le mettre à sac.
Il vous reste 74.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.