En Ukraine, on peine à déchiffrer les intentions américaines sur les moyens de mettre fin au conflit. « Cela donne lieu à des discussions très animées dans les médias. Tout le monde attrape chaque déclaration pour tenter d’imaginer ce qui va se passer, et quand », explique Oleksiy Melnyk, directeur du centre de réflexion Razumkov, à Kiev. « Il semble que les Américains n’aient pas vraiment de plan », constate un activiste anticorruption à Kiev, qui a requis l’anonymat.
Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, vendredi 14 février, le vice-président américain, J. D. Vance, a à peine évoqué le dossier ukrainien. Mercredi, pourtant, Donald Trump a provoqué la sidération en annonçant s’être mis d’accord avec le chef du Kremlin pour lancer les négociations d’un cessez-le-feu, sans s’être concerté au préalable avec les Européens, ni avec les dirigeants ukrainiens. A l’issue d’une longue conversation téléphonique entre les deux dirigeants, « les mots de Trump étaient très chaleureux vis-à-vis de Poutine, relève Oleksiy Melnyk. Pour nous, cela a été une surprise très désagréable ».
Le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, a résumé, mercredi, sans détour, la position de l’administration Trump : Kiev doit abandonner son objectif de rejoindre l’OTAN, et un retour aux frontières de l’Ukraine de 2014 est « irréaliste ». Vendredi, J. D. Vance a formulé, dans une interview au Wall Street Journal, cette déclaration sibylline : « Je pense qu’il va en ressortir un accord qui va choquer beaucoup de monde. »
« Ce n’est pas exactement ce à quoi on s’attend de la part d’un pays allié, grince l’activiste anticorruption. Beaucoup ont interprété cela comme une victoire de Poutine sur Trump, car il est parvenu à s’imposer. » A ses yeux, « le fait que Trump tente de s’entendre directement avec Poutine sur l’Europe et sur l’Ukraine est dangereux. Nous devons revenir à certains principes : rien sur l’Ukraine sans l’Ukraine et rien sur l’Europe sans l’Europe. Autrement, des accords seront conclus qui ne seront pas dans notre intérêt, et le seul gagnant sera Poutine. »
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