Viktor Orban a une nouvelle fois pris de court ses homologues européens. Tandis que les Vingt-Sept s’interrogent sur le résultat des élections organisées en Géorgie samedi 26 octobre, le chef du gouvernement illibéral hongrois a salué, le soir même, « l’écrasante victoire » de Rêve géorgien, le parti pro-russe au pouvoir, crédité de 54 % des voix. Puis il s’est rendu à Tbilissi, lundi, pour apporter son soutien aux autorités.
« Je vous félicite d’avoir voté pour la paix » et de « ne pas avoir permis que votre pays devienne une seconde Ukraine », a lancé M. Orban, avant de poursuivre : « Quand les libéraux gagnent », Bruxelles « dit que c’est démocratique. Quand ce sont les conservateurs, ça ne l’est pas ». Mardi, la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, devenue l’une des figures de la contestation contre le gouvernement, a demandé à la communauté internationale d’enquêter sur les résultats des législatives, tandis que la commission électorale, contrôlée par le gouvernement, annonçait des recomptages dans à peine 14 % des bureaux de vote.
Avec ce déplacement impromptu, comparable à ceux menés à Moscou et à Kiev quand son pays a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) pour six mois, début juillet, le premier ministre hongrois a surtout mis en lumière l’embarras et les divisions suscités au sein des Vingt-Sept par la situation de la Géorgie, un Etat du Caucase dont le processus d’adhésion à l’UE est déjà suspendu depuis l’été pour cause de dérive illibérale.
« Irrégularités électorales »
Les propos de Viktor Orban contrastent en effet avec les doutes émis ailleurs sur le continent sur la sincérité du scrutin. A Bruxelles, la Commission comme le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, en ont pointé les « irrégularités », dans un communiqué commun publié dimanche, et attendent le résultat des enquêtes en cours. « Les Géorgiens ont le droit de savoir ce qui s’est passé ce week-end. Ils ont le droit d’exiger que les irrégularités électorales fassent l’objet d’enquêtes rapides, transparentes et indépendantes », a ajouté Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, lundi, à l’occasion d’un discours au Collège d’Europe, à Bruges (Belgique).
Dans ce contexte, Anna Lührmann, la secrétaire d’Etat allemande chargée des affaires européennes, a souhaité, dès lundi, rassembler ses homologues autour d’une déclaration commune, afin de ne pas laisser le champ libre à Viktor Orban. La Hongrie occupe la présidence tournante du conseil de l’UE jusqu’à la fin de l’année, mais le premier ministre hongrois « ne parle pas au nom de l’UE », peut-on lire dans ce texte, endossé – à la date de mardi soir – par quinze Etats membres, dont la France, la Pologne, l’Espagne, les Pays-Bas, les Etats baltes, les Scandinaves et la République tchèque. Les signataires « critiquent la visite prématurée du premier ministre Orban en Géorgie ».
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