La question des droits de douane entre les Etats-Unis et l’Europe prend un tour dangereux. La Commission européenne avait fait des concessions et était prête à signer un accord déséquilibré du type de celui conclu entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Les Européens avaient fait preuve d’un esprit de conciliation, en se disant qu’une mauvaise paix est toujours préférable à une guerre. Qu’à cela ne tienne, s’est dit Donald Trump, poussons notre avantage et essayons de voir jusqu’où est prête à céder l’Europe. Et d’agiter la menace de droits de douane de 30 % au 1er août. Des droits de douane supérieurs de 10 % à ceux annoncés dans le célèbre tableau noir du début avril brandi comme un trophée. Drôle de façon de récompenser la Commission européenne d’avoir depuis différé toute mesure de rétorsion.
Cette stratégie se révèle être un échec sur toute la ligne. Faire comme si de rien n’était ne conduira qu’au désastre. Serait-il acceptable par les entreprises et les habitants de l’Union européenne (UE) qu’en pesant près de six fois plus que le Royaume-Uni, la Commission obtienne un accord moins favorable ? A-t-il échappé à la Commission que Donald Trump ne respecte que les forts, Vladimir Poutine, Benyamin Nétanyahou et Xi Jinping, et méprise les faibles ?
Tant qu’il ne sentira pas une véritable résistance, il ne signera pas d’accord. Dans le monde de Trump, chaque partie doit exercer des menaces. La réponse actuelle est ridiculement faible. Elle ne porte que sur 23 milliards de dollars (19,7 milliards d’euros) – soit seulement 3 % des exportations de biens et services américains vers l’Europe. Il faut d’urgence changer de stratégie. Non pas simplement montrer ses muscles, se métamorphoser en faucon après avoir joué les colombes. Mais ouvrir un nouvel espace stratégique par une initiative forte. Et pour cela, les Européens ne doivent pas avancer seuls. Ils doivent se coordonner avec d’autres, au nom du multilatéralisme.
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