L’imbroglio entre les Etats-Unis et la Belgique aura duré une quinzaine d’années. Nizar Trabelsi a atterri vendredi 8 août à Bruxelles, après avoir été emprisonné douze ans aux Etats-Unis. A son arrivée à l’aéroport, l’ancien détenu s’est dit « soulagé ». Interpellé dans la capitale belge deux jours après les attentats du 11 septembre 2001, à New York et Washington, il avait été condamné en 2004 pour un projet d’attentat contre la base militaire de Kleine-Brogel (Limbourg, Belgique), qui abrite des armes nucléaires. Lors de son procès, il avait admis avoir l’intention de tuer des soldats américains en poste dans cette caserne.
Depuis 2007, cet ex-footballeur professionnel devenu membre d’Al-Qaida, aujourd’hui âgé de 55 ans, se trouve pris dans un écheveau politico-judiciaire. Alors qu’il purgeait sa peine dans une prison belge, la justice américaine a demandé son extradition au motif que les personnes visées par son projet d’attentat étaient américaines. Des juges belges interdisent, dès 2008, son extradition, estimant que M. Trabelsi, déjà condamné définitivement en Belgique, ne peut faire l’objet d’un second jugement pour les mêmes faits.
A la fin de 2011, néanmoins, le ministère de la justice belge cède aux demandes américaines et prend un arrêté d’extradition, aussitôt contesté par les avocats de M. Trabelsi devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). La CEDH interdit à la Belgique de l’extrader avant qu’elle rende une décision définitive. Mais cette interdiction n’est pas respectée : le 3 octobre 2013, Nizar Trabelsi est extradé vers les Etats-Unis et placé à l’isolement total. Il durera dix ans, jusqu’à son procès, en mai 2023.
Décisions de justice cinglantes
La Belgique, pendant ce temps, fait l’objet de multiples décisions de justice et de condamnations. Après l’extradition, la CEDH estime, dans un arrêt de 2014, que le pays n’a pas respecté le principe « non bis in idem », qui interdit de poursuivre deux fois une personne pour les mêmes faits, et que l’extradition viole un article de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants. La cour d’appel de Bruxelles rend une décision similaire en 2019. Puis, en 2022, elle intime aux autorités belges de solliciter auprès des autorités américaines le retour de Nizar Trabelsi.
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