L’ex-président argentin Alberto Fernandez (2019-2023) sera bien jugé, a confirmé mardi 15 avril la justice, pour « blessures graves » et « menaces coercitives » sur l’ancienne journaliste et animatrice Fabiola Yañez, qui était sa conjointe pendant sa présidence.
L’ex-chef d’État, âgé de 66 ans, a toujours nié toute violence contre Mme Yañez, avec qui il a été en couple une dizaine d’années, et avait fait appel du renvoi décidé mi-février. Mais deux des juges de la Chambre fédérale d’appel, dans leur décision argumentée de 82 pages à laquelle l’Agence France-Presse (AFP) a eu accès, estiment avérées « les différentes formes de violence de genre que de manière continue, entre 2016 et 2024, l’accusé a exercé sur la victime ».
« L’isolement » auquel a été soumise l’ex-Première dame dans la résidence présidentielle « a été la cause d’une détérioration marquée des conditions de santé de la victime », ont-ils encore conclu. Un troisième juge, minoritaire, a cependant relevé des « biais » dans l’enquête et demandé que M. Fernandez ne soit pas jugé.
Hématomes sur le visage et le corps
L’ex-président de centre gauche est inculpé depuis août pour coups et blessures, ainsi que pour menaces et coercition à l’encontre de Fabiola Yañez, avec laquelle il a eu un fils né en 2022. L’ex-Première dame, ancienne journaliste et animatrice de télévision de 43 ans, avait déposé plainte et été entendue par visioconférence par un magistrat de Buenos Aires depuis le consulat argentin à Madrid, ville où elle réside avec son fils.
Dans sa déposition écrite, à laquelle l’AFP avait eu accès, elle rapportait que « les abus, le harcèlement, le mépris, les agressions, les coups, se sont avérés être une constante » dans son couple avec Alberto Fernandez. Parmi les éléments du dossier, des photos saisies sur le téléphone de la secrétaire privée de M. Fernandez envoyées par Mme Yañez, où l’ex-Première dame apparaît avec des hématomes sur le visage et le corps.
Entendu début février par un juge d’instruction, M. Fernandez a remis une longue déposition écrite dans laquelle il conteste avoir « jamais exercé de violence physique, psychologique ou économique » sur Fabiola Yañez, dénonce l’absence de témoins directs des faits supposés, et affirme que les hématomes correspondaient à un traitement esthétique. Selon les services du procureur, l’ex-président encourt jusqu’à 18 ans de prison.