C’est une véritable exploration des songes que propose le Musée des Confluences, à Lyon, avec l’exposition temporaire « Le Temps d’un rêve ». Si le sujet concerne tout le monde, et fascine, il reste encore méconnu. Comment nous aider à mieux cerner ce « voyage aventureux de tous les soirs », comme l’appelait Charles Baudelaire (1821-1867) ? « Nous proposons plusieurs points de vue et interrogeons plusieurs disciplines : neurosciences, ethnographie, arts, histoire, psychanalyse… », explique Yoann Cormier, chef de projet de l’exposition.
D’emblée, on est intrigué par une pieuvre en train de dormir, filmée par le biologiste américain David Scheel. Avec une interrogation : « Ses réactions sont-elles dictées par le rêve ? » Une bande-son nous accompagne tout au long du parcours dans sept salles thématiques avec une scénographie très travaillée, à l’instar d’un décor de cinéma.
Dans un laboratoire de neurosciences reconstitué, on trouve un imposant appareil de mesure utilisé par Michel Jouvet (1925-2017) dans les années 1950. Le neurobiologiste français a, pour la première fois, défini le sommeil paradoxal, période durant laquelle l’activité cérébrale est proche de celle de la phase d’éveil. Alors qu’on pensait que le rêve n’avait lieu que pendant cette phase, « il a depuis été montré qu’il pouvait survenir dans les autres », explique Perrine Ruby, chercheuse en neurosciences cognitives (Inserm), qui fait partie du comité scientifique de l’exposition. On peut aussi entendre des témoignages de rêveurs lucides, des personnes qui sont conscientes de leurs rêves.
Source de création
Une large place est évidemment accordée au cauchemar qui est, selon Yoann Cormier, « ce qui révèle le plus la fonction du rêve, celle de régulation émotionnelle face aux événements de la vie éveillée ».
De nombreux objets d’Océanie ou d’Afrique illustrent, également, comment le songe peut représenter, dans certaines cultures, un portail vers une autre réalité : il peut, par exemple, servir de moyen de communication avec les défunts. De même, le rêve peut être source de création. Paul McCartney n’a-t-il pas souvent raconté avoir rêvé la chanson Yesterday (1965), des Beatles ?
Forcément, place est faite, aussi, à la psychanalyse, qui scrute le monde onirique. Comme un clin d’œil, dans chaque salle, il est possible d’avoir un moment de détente en s’allongeant sur un divan et en écoutant de la littérature.
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