A quoi pense Serge Arnaudiès sous son arbre ? Comme s’il allait lui souffler la réponse, le septuagénaire, né aux pieds des Pyrénées, lève son regard vers celui qu’il appelle « le grand chêne ». Econome de ses mots et de ses gestes, il s’en approche doucement, mettant en valeur par contraste les 20 mètres et 5,6 mètres de circonférence du monument végétal ; regarde ses branches torturées, les feuilles qui se renouvellent sans jamais le laisser nu. L’écorce, il ne la touche guère, comme s’il redoutait de déranger les écureuils, oiseaux, insectes ou lézards, « tout le petit monde qui l’habite », ou d’abîmer les crevasses de son liège.
Sous le chêne-liège du mas Santol, à Reynès, au cœur du Vallespir (Pyrénées-Orientales), le temps semble suspendu. D’ailleurs on ignore à quand remonte cette germination. Le grand chêne était-il déjà là en 1659, moment où le Roussillon est passé de la couronne d’Aragon à la couronne de France ? A-t-il été témoin de la révolte des paysans du coin après la restauration de la gabelle par Louis XIV en 1661 ? « Les spécialistes lui donnent entre 300 et 400 ans », observe Martine Arnaudiès, aussi attachée que son époux à ce qui est devenu un acteur central de leur vie de retraités.
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