CANAL+ – MARDI 20 MAI À 21 H 10 – FILM
Le héros de ce drame haletant se nomme Souleymane. Originaire de Guinée, vingt et quelques printemps, clandestin en attente de régularisation : le personnage doit beaucoup à l’histoire de son (excellent) interprète, Abou Sangare – qui a obtenu un titre de séjour en janvier 2025. Trois impératifs s’imposent à lui qui nourrit exclusivement la trame du film : gagner de quoi manger, s’assurer un toit pour dormir, préparer son entretien de demande d’asile.
On pensera peut-être « archi-vu, anti-romanesque ». C’est tout le contraire. Du relativement peu vu et du romanesque à fond les manettes. On en connaît la raison, qui tient dans le titre d’un film canonique : Rosetta (1999), des frères Dardenne. Avec Emilie Dequenne (morte le 16 mars à l’âge de 43 ans), de tous les plans, en héroïne luttant pied à pied contre la précarité, intensifiée et magnifiée par la caméra portée. Copié depuis lors jusqu’à satiété, le film n’aura eu que peu d’émules dignes de ce nom. Souleymane en un.
L’une des grandes vertus de ce cinéma d’inspiration dardénienne : l’absence délibérée de discours et de morale. Un pur comportementalisme y embarque le spectateur au côté du héros. Ses problèmes les plus triviaux y deviennent ipso facto ceux du spectateur, a fortiori quand celui-ci comprend à quel point ils se révèlent vitaux pour le personnage.
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