« La cohérence de notre comportement est fragile, certaines lésions du cerveau suffisent à la rompre », rappelle Laurent Cohen, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. En témoigne l’histoire de Monsieur Z., qu’il a vu en consultation à la fin des années 1990. Trois ans plus tôt, cet homme de 76 ans avait été victime d’un accident vasculaire cérébral. Il marchait normalement, mangeait et faisait sa toilette sans assistance ; sa parole était fluide ; ses émotions non émoussées. Malgré un champ visuel amputé de sa moitié droite, il conservait une vision correcte dans la moitié gauche de ce champ. Devenu incapable de lire, il pouvait toujours écrire.
Quelques tests simples ont cependant dévoilé des séquelles mentales insoupçonnées mais « spectaculaires », note Laurent Cohen. Ce dernier lui montrait tour à tour une brosse à dents, une salière, une fourchette, ou encore une bougie, un crayon… A la question, « qu’est-ce que c’est ? », Monsieur Z., pourtant ni dément ni délirant, répondait immanquablement « un thermomètre ». « Le paradoxe était que ce patient savait parfaitement se servir de chacun de ces objets, qu’il nommait tous thermomètre », raconte le neurologue.
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