Il faudrait revoir les premiers épisodes de Stranger Things, aujourd’hui vieux de sept ans, pour vraiment mesurer la catastrophe qui s’est abattue sur la ville de Hawkins (Indiana) et sur la poignée de collégiens qui tentaient à l’époque de préserver leurs familles et concitoyens d’une terrible menace. Le 27 novembre à deux heures du matin, heure de Paris, la première moitié de la cinquième et ultime saison est tombée (en anglais « has dropped ») comme un étrange et lourd objet lâché de très haut qui fait un énorme trou dans l’emploi du temps : il faut plus de quatre heures et demie pour visionner ces quatre épisodes.
On tirera un bilan définitif du phénomène Stranger Things à l’orée de 2026, après la diffusion de trois autres épisodes le 26 décembre et du finale le soir de la Saint-Sylvestre. En attendant, parlons de masse et de temps. La masse c’est l’énormité de cette production, qui, à ses débuts, rendait ouvertement hommage aux bricolages du cinéma analogiques, en particulier aux films fantastiques des années 1980.
Pour raconter les tribulations de très jeunes marginaux qui recueillent une enfant aux étranges pouvoirs, mettant à jour un sinistre complot, les frères Matt et Ross Duffer s’étaient libéralement servis dans les boîtes à outils de leurs aînés, à commencer par Steven Spielberg et Stephen King. Le créateur d’E.T. et l’auteur de Carrie ont en commun une profonde nostalgie pour le rêve américain, tel qu’il s’est déployé sous les deux mandats d’Eisenhower, nostalgie qu’ils expient (parfois pour le premier, toujours pour le second) par des accès de furie destructrice.
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