L’Inde et le Royaume-Uni ont annoncé, mardi 6 mai, la conclusion d’un accord de libre-échange, présenté par Londres comme le plus ambitieux depuis le Brexit, à l’issue de négociations relancées à la fin de février après les premières menaces commerciales du président des Etats-Unis, Donald Trump. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est réjoui dans un communiqué d’un « accord majeur » pour le Royaume-Uni, « redevenu un partenaire commercial attractif », le premier ministre indien, Narendra Modi, saluant pour sa part sur X « un jalon historique » entre les deux pays.
Selon le gouvernement britannique, cet accord avec l’Inde est le plus important conclu depuis le Brexit, qui a permis au Royaume-Uni de retrouver son autonomie commerciale. Londres bénéficiera avec l’Inde d’un marché gigantesque de 1,4 milliard d’habitants, l’Inde étant le pays le plus peuplé du monde. L’Inde est aussi amenée à devenir « la troisième économie mondiale d’ici à trois ans », selon le communiqué britannique.
Menaces de droits de douane américains à foison
Les négociations avec New Delhi avaient été relancées à la fin de février, au moment où les relations transatlantiques étaient déjà bouleversées par le président américain, Donald Trump, avec des menaces de droits de douane à foison – qu’il a depuis en partie mis en place.
Les Britanniques ont d’ailleurs entamé à l’époque des discussions avec les Etats-Unis, leur deuxième partenaire commercial, dans l’espoir de supprimer tout ou partie de ces taxes (10 % de taxes « réciproques », 25 % sur l’industrie automobile ou encore l’acier et l’aluminium).
En cas de succès, il s’agirait cependant d’un accord de bien moindre ampleur que celui qu’ils rêvent de finaliser avec Washington depuis leur sortie de l’UE. Le Royaume-Uni a conclu plusieurs traités commerciaux après le Brexit, par exemple avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, et a rejoint le partenariat de libre-échange transpacifique (CPTPP), qui compte 12 membres comme le Japon et le Canada.
Mais étant donné le faible volume d’échanges avec la plupart de ces pays, ces accords ont une portée plus stratégique et politique que commerciale, et le traité post-Brexit avec l’UE, que le Royaume-Uni entend encore approfondir, reste de très loin le plus important. Selon le gouvernement, l’accord avec New Delhi fera croître le commerce bilatéral de 25,5 milliards de livres, mais n’ajoutera que 4,8 milliards de livres au PIB britannique – d’environ 2 800 milliards.
Des liens économiques et culturels forts
Londres, qui importe d’Inde environ un tiers de plus que ce qu’il n’exporte, a conservé des liens économiques et culturels forts avec son ancienne colonie – 1,9 million de personnes d’origine indienne vivent au Royaume-Uni. Les échanges commerciaux entre les deux pays représentent plus de 40 milliards de livres (47 milliards d’euros) par an, selon le gouvernement britannique.
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Les visites touristiques, mais aussi professionnelles ou éducatives, ainsi que les services professionnels représentent une part prépondérante des échanges. Le Royaume-Uni exporte aussi des métaux non ferreux, des générateurs et aussi des machines industrielles vers l’Inde qui, en retour, expédie du pétrole raffiné, des vêtements ou des produits pharmaceutiques.
L’accord prévoit que 85 % des droits de douane indiens sur le Royaume-Uni seront réduits à zéro d’ici à dix ans. Ceux qui concernent les automobiles britanniques passeront de plus de 100 % à 10 % jusqu’à un certain quota non précisé. Quant aux taxes sur le whisky et le gin, derniers points d’achoppement des discussions selon la presse britannique, elles seront réduites de 150 % à 75 %, puis à 40 % après dix ans.
Ce changement « pourrait générer 1 milliard de livres d’exportations supplémentaires sur cinq ans et créer 1 200 emplois », évalue Mark Kent, de la Scotch Whisky Association, représentant de l’industrie. Les consommateurs britanniques devraient quant à eux « voir baisser les prix de certains vêtements, chaussures ou produits alimentaires », comme les crevettes surgelées, est-il souligné dans le communiqué.