Eparpillée, façon puzzle. Trop de modèles d’avions de combat, de véhicules blindés et de canons, de sous-marins et de frégates, de systèmes de défense antiaérienne… C’est le constat que les partisans d’une véritable base industrielle et technologique de défense (BITD) européenne ont fait de longue date, confirmé par la guerre russo-ukrainienne, qui a surtout profité aux géants américains de l’armement.
Si l’on additionne ses différentes composantes, la BITD européenne semble solide. Présente sur presque tous ses segments, elle pèse 33 % des exportations mondiales, en incluant les groupes américains produisant sur le Vieux Continent. Mais 1 + 1 ne fait pas 2. Dans son rapport sur la perte de compétitivité des Vingt-Sept publié en septembre 2024, Mario Draghi prenait un exemple éloquent. « Pour l’artillerie de 155 mm, notait l’ex-président du conseil italien, les membres de l’Union européenne ont fourni à l’Ukraine 10 types d’obusiers provenant de leurs stocks, ce qui a créé de sérieuses difficultés logistiques pour [ses] forces armées. »
« De nombreux industriels interviennent sur les mêmes segments et se retrouvent en concurrence frontale sur les marchés non domestiques », déploraient les députés Jean-Charles Larsonneur (non-inscrit) et Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) dans un rapport en mai 2024 – « L’industrie de défense, pourvoyeuse d’autonomie stratégique en Europe ? – à l’Assemblée nationale. L’Europe (y compris le Royaume-Uni) aligne trois chasseurs – le Rafale français, l’Eurofighter anglo-germano-italien et le Gripen suédois – qui ne représentent pourtant qu’un tiers de sa flotte, surtout composée de F-16 et de F-35 américains.
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