La dissolution de l’Institut européen des sciences humaines (IESH), une école de formation d’imams sis près de Château-Chinon (Nièvre), décidée, mercredi 3 septembre, en conseil des ministres est la première mesure officielle visant la mouvance des Frères musulmans en France depuis la remise, en mai, d’un rapport qui avait pointé « l’entrisme » de ce courant de l’islam politique dans les institutions et la société française. Dans un tweet se félicitant de la nouvelle, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a accusé l’IESH de « légitimer le djihad armé ».
Interrogé par Le Monde, le ministère de l’intérieur n’avait pas fourni, mercredi, plus d’éléments concrets sur cette déclaration ni sur la procédure de dissolution. Contactée, la direction de l’IESH n’a pas non plus donné suite. Le rapport du mois de mai se contentait d’évoquer une institution participant de la « recherche de respectabilité » de la mouvance frériste, sans indications sur une action « prônant un islam radical ou légitimant le djihad armé », selon les termes employés par M. Retailleau.
Les liens de l’IESH avec les Frères musulmans sont avérés : l’établissement a été fondé au début des années 1990 − avec le soutien des pouvoirs publics de l’époque − sous l’égide de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), une association liée aux Frères musulmans, rebaptisée depuis Musulmans de France. Il a ensuite essaimé en Europe. La plupart des islamologues et connaisseurs de l’institution estiment toutefois que cette matrice originelle n’a plus guère d’influence sur les enseignements dispensés.
Il vous reste 65.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.