L’ancien premier ministre socialiste (1997-2002) revient sur le début de la mandature de Donald Trump aux Etats-Unis, et ses conséquences sur les relations internationales construites depuis la guerre. S’il estime que la dérive autoritaire de Donald Trump est avérée, il croit aussi à la résistance du peuple américain, qui pourrait s’exprimer dès les prochaines élections de mi-mandat en 2026.
Comment analysez-vous les premiers pas de Donald Trump à la Maison Blanche ?
Donald Trump et son équipe amorcent un retournement de la politique étrangère américaine. Ils traitent leurs alliés traditionnels comme des adversaires. Ils se détournent du système international, qui s’est construit depuis la guerre avec l’accord des Etats-Unis. Ils rejettent les organisations multilatérales, ignorent le droit international et affirment des ambitions prédatrices (sur le Groenland ou le Canada). Ils sèment le doute sur leur attachement à l’Alliance atlantique [l’Organisation du traité de l’Atlantique nord] et aux principes de solidarité entre alliés de l’article 5 du traité. A l’inverse, ils abordent [le président russe], Vladimir Poutine, l’ennemi des démocraties, comme un partenaire. Ils se fondent sur une illusion dangereuse, pour l’Europe mais aussi pour les Etats-Unis.
Cette politique et ses conséquences, notamment en Ukraine, vous paraissent-elles irréversibles ?
Non. Donald Trump va se heurter à trois réalités : la volonté de l’Ukraine d’exister comme nation souveraine ; la résistance des Européens qui s’ébauche et le maximalisme de la Russie. Le président américain veut se donner l’image d’un faiseur de paix et il croit que Vladimir Poutine la lui offrira. Mais celui-ci n’a qu’un objectif : la disparition de l’Ukraine comme nation libre et souveraine. Or, la capitulation de l’Ukraine serait aussi celle des Etats-Unis. Le mâle alpha que Donald Trump prétend être prendrait un bien grand risque, y compris devant les Américains, s’il commençait sa présidence en cédant tout à Vladimir Poutine. Il adresserait aussi un étrange signal à la Chine.
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