Quelques jours après la libération de Cecilia Sala, journaliste italienne détenue à Téhéran, l’Iran a annoncé, dimanche 12 janvier, la libération et le rapatriement d’un Iranien détenu en Italie. « Le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, Esmaeil Baghaei, annonce la libération de Mohammad Abedini Najafabadi, un citoyen iranien détenu en Italie, et son retour dans son pays », a déclaré le ministère dans un communiqué.
« Le problème a été résolu » après le « suivi » du ministère des affaires étrangères de la République islamique d’Iran et des « négociations » entre les services de renseignement iraniens et italiens, avait précisé plus tôt Mizan, l’organe de presse de la justice iranienne. Agé de 38 ans, Mohammad Abedini est accusé par les Etats-Unis d’avoir fourni une technologie sophistiquée de navigation de drone à l’armée iranienne, en violation des sanctions américaines contre l’Iran.
Ces composants ont ensuite été utilisés lors d’une frappe de drone en janvier sur une base militaire jordanienne près de la frontière syrienne qui a tué trois militaires américains, selon les autorités judiciaires américaines. M. Abedini était détenu depuis son arrestation dans une prison de Milan, l’Iran niant les accusations et qualifiant sa détention d’« acte illégal » qui risquerait de nuire aux relations entre Rome et Téhéran.
« Aucun élément » n’étayait les accusations, selon Rome
Le ministre de la justice italien, Carlo Nordio, a déposé une demande auprès de la cour d’appel de Milan pour révoquer l’arrestation de M. Abedini, car ses crimes présumés ne sont pas punissables par la loi italienne ou manquent de preuves, a déclaré dimanche le ministère italien dans un communiqué, peu avant la communication des autorités iraniennes.
Ce geste intervient quatre jours après le retour chez elle de Cecilia Sala, une journaliste italienne qui avait été détenue à l’isolement pendant trois semaines dans une prison de Téhéran. Sa libération a été un coup diplomatique majeur pour la première ministre d’extrême droite, Giorgia Meloni, qui l’a qualifiée de résultat d’un « travail intense par les canaux diplomatiques et de renseignement ».
Selon le ministère de la justice italien, en vertu du traité d’extradition entre l’Italie et les Etats-Unis, l’extradition ne peut avoir lieu que si les crimes imputables sont punissables en vertu des lois de chaque pays. « Le premier agissement imputé au citoyen iranien d’association de malfaiteurs en vue de violer l’IEEPA [International Emergency Economic Powers Act, loi fédérale américaine qui donne au président des pouvoirs de sanction d’urgence] » ne correspond pas aux cas prévus et punis par le système pénal italien, mentionne le communiqué du ministère.
Quant aux autres chefs d’accusations – « association de malfaiteurs en vue de fournir un soutien matériel à une organisation terroriste ayant entraîné la mort » et « soutien matériel à une organisation terroriste étrangère ayant entraîné la mort » – le ministère italien précise qu’« aucun élément n’a été avancé à ce jour pour étayer les accusations portées ». Il ajoute que la seule certitude est que M. Abedini a mené « des activités de production et de commerce d’instruments technologiques avec son propre pays » ayant « des applications militaires potentielles, mais pas exclusives ».
Dans ses documents d’accusation, le gouvernement américain qualifiait le ressortissant iranien de fondateur et directeur général d’une entreprise iranienne « qui fabrique des modules de navigation utilisés dans le programme de drones militaires du CGRI [corps des gardiens de la révolution islamique] ». Les autorités américaines ont arrêté un autre homme, l’Irano-Américain Mahdi Sadeghi, qui aurait collaboré avec M. Abedini pour expédier en Iran des articles sanctionnés. Celui-ci est toujours incarcéré aux Etats-Unis.