DIMANCHE 29 JUIN – CANAL+ – 21 HEURES
« Et voilà le rugby pro ! » La nouvelle fait la une en ce mois d’août 1995, relayée à la télévision par Jérôme Bonaldi, dans « Nulle part ailleurs », sur Canal+. Le journaliste lève légèrement les yeux au ciel, histoire de montrer le mélange d’incongruité et d’inquiétude que suscite cette décision de la Fédération internationale de rugby.
Dans le même temps, Canal+ décide de retransmettre les matchs du championnat national de rugby – avec au poste de premier consultant Serge Blanco. Le rugby français et la chaîne cryptée ne se quitteront plus. Ce lien privilégié explique la qualité du documentaire proposé à l’occasion de cet anniversaire, riche en archives exclusives et drôles : à l’époque, seule la chaîne cryptée s’autorise un tel humour.
Sollicités par Eric Bayle – commentateur rugby sur Canal depuis 1995 et coréalisateur du documentaire avec Etienne Pidoux –, les 14 intervenants s’expriment en confiance, de Serge Blanco à Fabien Pelous, de Mourad Boudjellal à Jonny Wilkinson ou Bernard Laporte, présent ici en tant qu’entraîneur du Stade français (1995-1999) puis du RC Toulon (2011-2016). Un extrait du « Petit Journal » de Canal+ révèle ainsi un jeune Fabien Galthié blagueur et demi de mêlée à Colomiers. Sélectionneur de l’équipe de France depuis 2020 – et moins souriant –, il souligne aujourd’hui à quel point les joueurs n’étaient alors pas préparés à cette professionnalisation. Et pour cause, la décision a été prise dans la précipitation, rappelle le film.
Un état d’esprit qu’il faut modifier
Passer de trois entraînements hebdomadaires à deux quotidiens ne va pas être simple. Oublier la pause « confit de cochon » lors des déplacements va être encore plus compliqué. Au-delà du cliché, c’est tout un état d’esprit qu’il faut modifier. Mais les joueurs vont y gagner, en visibilité, en reconnaissance, en notoriété. Un homme va jouer un rôle essentiel dans cette transition : Max Guazzini, cofondateur de la radio NRJ, qui reprend le Stade français et va le mener au titre de champion de France en 1998. Avec l’audace de vêtir les joueurs en rose et de réussir à remplir le Stade de France.
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