Arrivé à l’Olympique de Marseille à l’intersaison, le Danois Matt O’Riley se fait petit à petit sa place au milieu de terrain et en profite pour découvrir l’ambiance survoltée du Stade-Vélodrome. « Un public qui fait la différence » et « aide à aller de l’avant », note le natif de Hounslow, dans la banlieue de Londres. Bref, « les supporteurs, c’est très, très important », juge-t-il.
Les joueurs de l’Ajax Amsterdam, qui se déplacent à Marseille, mardi 30 septembre à 21 heures, dans le cadre de la deuxième journée de la phase de ligue de la Ligue des champions, ne diraient probablement pas le contraire. Mais eux ne pourront pas compter sur leurs fans pour le match dans l’enceinte phocéenne.
Samedi 27 septembre, dans la matinée, un arrêté signé par le ministère de l’intérieur a interdit tout « déplacement individuel ou collectif, par tout moyen, de toute personne se prévalant de la qualité de supporteur de l’Ajax Amsterdam (…) entre les points frontières routiers, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires français et la commune de Marseille ». Selon L’Equipe, la division nationale de lutte contre le hooliganisme devrait classer ce match au niveau 5, soit son degré le plus élevé.
Le ministère motive sa décision par les antécédents du club néerlandais. « Les déplacements de l’Ajax Amsterdam sont très fréquemment sources de troubles à l’ordre public du fait du comportement violent de certains supporteurs ou d’individus se prévalant de la qualité de supporteur de cette équipe », explique-t-il, précisant que ces perturbations se traduisent par des « rixes » et des « violences contre les forces de l’ordre ou des jets de pétards, fumigènes ou bombes agricoles ».
En 2023, les deux clubs avaient croisé le fer à deux reprises, lors de la phase de groupes de la Ligue Europa – la « petite sœur » de la Ligue des champions. A l’époque, les supporteurs de l’Ajax avaient déjà été interdits de déplacement pour éviter des « risques sérieux pour la sécurité », un an après de violents incidents ayant éclaté dans le centre-ville de la cité phocéenne lors du passage au Vélodrome d’un autre club néerlandais, le Feyenoord Rotterdam.
« L’OM peut exister dans cette compétition »
En l’absence des fans de l’Ajax, mardi soir, les places normalement allouées à l’équipe visiteuse ont été remises en vente. Le stade dans sa quasi-intégralité devrait donc pousser dans l’espoir d’assister à la première victoire de l’OM en Ligue des champions depuis le 12 octobre 2022, face au Sporting Portugal. Les Olympiens ne vivent pas une nouvelle série noire dans la plus prestigieuse des compétitions européennes de clubs – comme ce fut le cas lors de leurs 13 défaites consécutives, entre 2012 et 2020. Ils ont surtout manqué la qualification pour la compétition lors des deux dernières saisons.
Trois ans de disette ne font probablement pas peur à grand monde dans les Bouches-du-Rhône, alors que les Marseillais viennent de mettre fin à quatorze ans sans victoire à domicile face au rival parisien, il y a tout juste une semaine. « On est dans une bonne période, avec des résultats importants », s’est félicité, lundi, le coach, Roberto De Zerbi. Son équipe a parfaitement préparé son rendez-vous européen en battant Strasbourg, vendredi 26 septembre, dans le cadre de la 6e journée de Ligue 1.
A la mi-septembre, l’OM n’avait pas démérité pour ses retrouvailles avec la Ligue des champions, en s’inclinant d’un but sur la pelouse du Real Madrid (2-1). « Je crois que l’OM peut exister dans cette compétition. Je ne sais pas ce qu’on y fera, mais je crois qu’on est à notre place », a ajouté le technicien italien. Confronté aux limites quantitatives de son effectif la saison dernière, et ne s’étant pas privé de l’exprimer en conférence de presse, Roberto De Zerbi a pu compter sur un recrutement important durant l’été, avec, notamment, les arrivées du défenseur Benjamin Pavard ou de l’attaquant Igor Paixao.
Le Brésilien, que l’OM s’est offert pour 35 millions d’euros, est devenu la recrue la plus onéreuse de l’histoire du club, mais il n’a toujours pas inscrit le moindre but. « Ça fait que deux mois qu’il s’est blessé [à une cuisse]. Il n’est pas dans une condition optimale. Il est fort, il l’a déjà montré en Ligue des champions », a déclaré son entraîneur, persuadé, de toute façon, que « tout le monde aura[it] l’occasion de se mettre en avant » face à l’abondance de matchs. Ancien du Feyenoord Rotterdam, Igor Paixao pourrait profiter de ses retrouvailles avec un club qu’il connaît bien pour débloquer son compteur, et ce, même si aucun fan adverse ne sera là pour y assister.
