La guerre en cours à Gaza n’est que le quinzième des conflits menés par Israël dans l’enclave palestinienne, même s’il en est de très loin le plus dévastateur et le plus meurtrier. La bande de Gaza elle-même n’est jamais que le produit de la première guerre israélo-arabe de 1948-1949, la démarcation de cette « bande » de territoire reposant sur les lignes du cessez-le-feu conclu entre Israël et l’Egypte.
L’enclave ainsi délimitée était peuplée aux deux tiers par des masses de réfugiés, expulsés lors de la fondation de l’Etat d’Israël. Elle concentrait un quart de la population arabe de Palestine, désormais disparue, sur 1 % de son territoire historique. La bande de Gaza ne pouvait que devenir un foyer du nationalisme palestinien, d’où l’alternative toujours ouverte : soit la bande de Gaza participe à une « solution à deux Etats » permettant de réconcilier enfin les nationalismes israélien et palestinien, soit le refus de régler la question palestinienne nourrit en Israël des projets d’anéantissement de cette enclave comme espace national.
L’héritage de trois décennies de colonisation
L’armée israélienne a occupé une première fois la bande de Gaza, durant quatre mois de 1956-1957, une occupation d’autant plus sanglante qu’elle visait à y éradiquer les fedayin, ainsi que les combattants palestiniens étaient dénommés. En juin 1967, les militaires israéliens s’emparent de nouveau de la bande de Gaza, mais aussi de Jérusalem-Est, annexée de fait, et de la Cisjordanie, bientôt ouverte à la colonisation israélienne.
A Gaza, en revanche, l’occupant doit faire face durant quatre longues années à une guérilla de basse intensité, que seul le général Ariel Sharon parvient à écraser à l’été 1971. Il lui faut pour cela reconfigurer brutalement l’enclave palestinienne, avec le déplacement forcé d’un dixième de sa population et l’ouverture au bulldozer d’axes de patrouille. Il divise la bande de Gaza en quelques centaines de « blocs », une division que l’armée israélienne rétablira, un demi-siècle plus tard, pour expulser la population de tel ou tel « bloc » lors de l’offensive en cours.
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