Il est extrêmement difficile d’évaluer de façon objective la capacité de production des fabricants de drones russes, mais les salves se sont considérablement accrues ces derniers mois, ce qui témoigne certainement d’une forte augmentation de production. Selon les analystes ukrainiens de données en sources ouvertes de Frontelligence Insight, dont les informations sont à considérer avec prudence, elle était en moyenne de 60,5 unités par jour entre février et avril, ce qui fait 1 850 drones par mois.
D’après l’édition ukrainienne du magazine Forbes, qui cite les services de renseignement militaire ukrainiens, la cadence de production mensuelle, qui aurait été multipliée par cinq depuis l’été 2024, était de l’ordre de 2 700 drones d’attaque de type Shahed-136 ou Gueran et de 2 500 leurres à la fin du mois de mai.
Pour faire face à la stratégie de saturation des défenses mise en œuvre par l’armée russe avec ces salves de drones, l’armée ukrainienne s’appuie notamment sur 900 unités de défense mobiles, principalement armées de canons antiaériens et de mitrailleuses montés sur divers véhicules. Equipées de systèmes d’imagerie thermique, elles sont par ailleurs connectées à un réseau de capteurs acoustiques et de radars.
Les forces ukrainiennes visent en outre régulièrement les sites de production, en particulier celui de Ielabouga, au Tatarstan, à l’aide de ses propres drones, et commencent à utiliser des drones intercepteurs, comme l’a souligné récemment le président Volodymyr Zelensky. L’usage de missiles sol-air très coûteux contre ces armes bon marché employées en très grand nombre ne semble pas envisageable.
« L’utilisation intensive de ces drones à bas prix souligne la nécessité d’aider l’Ukraine à découvrir de nouvelles contre-mesures peu coûteuses limitant la capacité de la campagne punitive russe », écrivent les chercheurs du Center for Strategic and International Studies, dans un rapport publié en mai. Ils recommandent aux Etats européens et aux entreprises américaines de collaborer pour tester de nouvelles approches de défense aérienne s’appuyant sur les innovations ukrainiennes et les approches émergentes de guerre électronique, voire des lasers à haute énergie, pour mettre en place un système de défense multicouche.
Les pertes civiles en forte augmentation au premier semestre en Ukraine, selon un rapport de l’OSCE
« Le suivi de la conduite des hostilités (…) a montré que, du 1er décembre 2024 au 31 mai 2025, la Fédération de Russie a continué d’utiliser des armes explosives à effet étendu dans des zones densément peuplées, au mépris flagrant du droit humanitaire international, y compris des principes de distinction et de proportionnalité », y déplore le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE.
« Au cours des six mois précédant le 31 mai 2025, le nombre de victimes civiles vérifiées dans les zones ukrainiennes contrôlées par le gouvernement a été supérieur de plus de 50 % à celui de la période correspondante en 2024. »
« A une échelle beaucoup plus réduite, l’Ukraine a également procédé à des bombardements et à des raids de drones dans les zones peuplées des régions ukrainiennes occupées par la Russie ainsi que dans les régions frontalières de la Fédération de Russie, ce qui a parfois fait des victimes civiles », poursuit-il. Sur la base de témoignages, le BIDDH fait en outre état de « détentions arbitraires », de « disparitions forcées » et de « condamnation sur la base d’accusations forgées de toutes pièces » ainsi que d’actes de torture dans les zones d’Ukraine occupées par la Russie.
Une victime du raid de drones ukrainiens de mardi à Voronej, en Russie, succombe à ses blessures
Une femme tuée par des tirs d’artillerie à Nikopol, selon les autorités locales
Une habitante de Nikopol, dans le sud de l’oblast de Dnipropetrovsk, a été tuée mercredi matin par des tirs d’artillerie russes qui ont fait cinq blessés, dont un grave, rapporte Serhi Lyssak, chef de l’administration militaire de l’oblast de Dnipropetrovsk.
Volodymyr Zelensky fait état de quinze blessés
Les bombardements russes de la nuit dernière ont fait quinze blessés, dont un enfant, annonce le président ukrainien, selon lequel les régions de Vinnytsia, Dnipro, Kharkiv et Odessa ont été les plus visées. Les autorités locales avaient auparavant fait état de onze blessés.
« L’infrastructure énergétique était l’une des cibles », souligne Volodymyr Zelensky, qui promet que l’électricité sera rétablie dans la journée à Kryvy Rih. « La Russie ne change pas de stratégie et, pour faire face efficacement à cette terreur, nous avons besoin d’un renforcement structurel des défenses », répète-t-il.
Quatre cents drones et un missile balistique russes lancés dans la nuit, selon l’armée ukrainienne qui signale 57 impacts
La défense aérienne a, selon lui, intercepté 198 des drones d’attaque et 155 leurres sans charge explosive ont été détournés par brouillage ou se sont « perdus », mais 57 impacts ont été dénombrés. Le missile de type Iskander-M n’a pas non plus été intercepté, poursuit l’état-major, ajoutant que la salve nocturne visait principalement Kryvy Rih, Kharkiv, Vinnytsia.
Au moins onze blessés dans des attaques russes nocturnes
Des attaques russes ont fait au moins onze blessés en Ukraine dans la nuit de mardi à mercredi, ont rapporté les autorités des différentes régions touchées.
- A Vinnytsia (📍), 28 drones ont ciblé la région, touchant notamment des installations industrielles, a fait savoir Natalia Zabolotna, une responsable de l’administration militaire locale, sur Telegram. Sept personnes ont été blessées, parmi lesquelles deux souffrent de « graves brûlures », selon elle.
- A Kharkiv (📍), dans le nord-est du pays, une attaque russe a fait trois blessés, a par ailleurs rapporté le gouverneur, Oleh Synehoubov.
- A Kryvy Rih (📍) dans l’oblast de Dnipropetrovsk, les forces de Moscou ont conduit une attaque « massive », selon un message Telegram de Serhi Lyssak, chef de l’administration militaire de l’oblast. « L’ennemi a non seulement dirigé des drones contre la ville, mais a aussi tiré un missile », a ajouté M. Lyssak, faisant état d’un blessé − un adolescent de 17 ans hospitalisé dans un état grave. D’après le maire de Kryvy Rih, Oleksandr Vilkoul, « un missile balistique et 28 [drones] Shahed » ont été lancés simultanément sur la ville, détruisant une installation industrielle.
En Ukraine, trois morts dans l’Est dans des attaques russes
Trois personnes ont été tuées mardi après-midi dans l’est de l’Ukraine lors d’attaques russes, ont annoncé les autorités locales. « Deux morts et deux blessés : les forces de l’ordre ont enregistré les conséquences d’une nouvelle attaque ennemie dans le district de Koupiansk », a déclaré le bureau du procureur de la région de Kharkiv. Les victimes avaient 67 et 69 ans.
« L’ennemi a tiré de l’artillerie à la périphérie de la communauté de Velyka Pyssarivka. Malheureusement, un habitant de 50 ans a été tué », ont déclaré de leur côté les autorités régionales de Soumy. Ailleurs sur la ligne de front, les forces russes ont revendiqué la prise de deux autres villages dans la région de Donetsk, accélérant ainsi leur progression.
Par ailleurs, une attaque de drone ukrainien sur la ville de Voronej, dans l’ouest de la Russie, a fait 27 blessés, ont déclaré les autorités locales mardi.
L’Ukraine ne doit pas cibler Moscou, affirme Donald Trump
Donald Trump a déclaré, mardi, que l’Ukraine ne devrait pas prendre pour cible la capitale russe, Moscou, après des informations du quotidien Financial Times selon lesquelles le président américain aurait encouragé son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à le faire.
« Non, il ne devrait pas », a répondu M. Trump à une question de la presse qui lui demandait si M. Zelensky devait cibler Moscou, ajoutant que Washington ne fournirait pas à Kiev de missiles à longue portée. La Maison Blanche avait auparavant démenti les informations du Financial Times, et précisé que le président américain avait seulement « posé une question » au président ukrainien.
Toujours pas d’accord de l’Union européenne sur de nouvelles sanctions contre la Russie, regrette Kaja Kallas
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a reconnu mardi qu’aucun accord n’avait pu être obtenu mardi sur un dix-huitième ensemble de sanctions contre la Russie, comprenant un nouveau plafonnement du prix du pétrole russe. « Je suis vraiment triste que nous n’ayons pas conclu cet accord aujourd’hui. Je dois dire que nous en étions vraiment proches », a-t-elle déclaré devant la presse à l’issue d’une réunion à Bruxelles des ministres des affaires étrangères des Etats membres de l’Union européenne. Elle a dit espérer un accord dès cette semaine.
La Slovaquie a confirmé mardi son opposition, dans un message sur X de son premier ministre, Robert Fico. Ce dernier utilise ce veto pour faire pression sur la Commission européenne, afin qu’elle lui garantisse son approvisionnement en gaz, au moment où l’UE cherche à interrompre totalement ses importations de gaz russe d’ici à 2027. La Slovaquie a pourtant obtenu de Bruxelles les garanties suffisantes lui permettant de lever son veto, a estimé Mme Kallas. La Commission européenne « a donné ce [que les Slovaques] ont demandé, la balle est maintenant dans le camp de la Slovaquie et nous devons conclure cet accord », a-t-elle expliqué.
La cheffe de la diplomatie européenne appelle Donald Trump à partager « le fardeau »
Kaja Kallas, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a salué mardi le nouveau plan d’armement de l’Ukraine annoncé la veille par Donald Trump, tout en soulignant souhaiter « un partage du fardeau », a-t-elle déclaré devant la presse à l’issue d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne à Bruxelles.
Selon Donald Trump, le financement de ce plan doit être assuré par l’Europe et le Canada. « Si nous payons pour ces armes, c’est notre soutien. Donc, c’est un soutien européen », a souligné Mme Kallas. Il est donc nécessaire que « tout le monde fasse de même », a-t-elle ajouté en référence aux Etats-Unis. « Vous savez, si vous promettez de donner des armes, mais que vous dites que quelqu’un d’autre va payer pour elles, ce n’est pas vraiment donné par vous, n’est-ce pas ? », a encore expliqué la responsable estonienne.
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Vincent