Keith Kellogg, l’émissaire américain en Ukraine, a donné une interview publiée ce samedi par le « Times ».
Il imagine l’Ukraine post-conflit divisée en deux.
Une séparation qui pourrait ressembler au « Berlin d’après la Seconde Guerre mondiale ».
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Le second mandat de Donald Trump
Dans les esprits des Européens, il symbolise le mur de la honte. Mais dans celui d’un proche de Donald Trump, il se transforme en source d’inspiration. Dans un entretien publié ce samedi 12 avril dans le Times, Keith Kellogg, émissaire des États-Unis, imagine ce à quoi pourrait ressembler l’Ukraine post-conflit. Et propose une séparation du pays sur le modèle de Berlin au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Une « zone démilitarisée » sur la ligne de front
Pour l’envoyé de Donald Trump en Ukraine, cette proposition s’accompagnerait d’une présence à la fois de forces européennes et russes sur le territoire ukrainien. « Vous pourriez presque faire ressembler cela à ce qui s’est passé avec Berlin après la Seconde Guerre mondiale, quand vous aviez une zone russe, une zone française, une zone britannique, une zone américaine », a dépeint le général Kellogg. Pas besoin d’un mur (nouvelle fenêtre) cette fois-ci, puisque l’émissaire américain pense au fleuve Dniepr comme frontière naturelle. « Un obstacle majeur » naturel qui coupe l’Ukraine et même sa capitale du nord au sud.
Dans ce scénario, les troupes franco-anglaises (nouvelle fenêtre), deux pays favorables au déploiement d’une force militaire européenne en Ukraine, se positionneraient en arrière de la ligne de front. Elles prendraient la forme d’une « force de garantie » de la paix afin de ne pas être « provocatrice » pour Moscou, selon l’analyse du général. La Russie serait quant à elle positionnée à l’est du cours d’eau. Donc tous les territoires conquis depuis l’invasion des troupes russes (nouvelle fenêtre)resteraient dans les mains du Kremlin. Les troupes ukrainiennes se tiendraient quant à elles au milieu.
Conscient toutefois que Vladimir Poutine pourrait « ne pas accepter » cette proposition, Keith Kellogg est même prêt à aller plus loin. Et suggère d’établir une « zone démilitarisée » entre les lignes ukrainienne et russe. Cette zone tampon, similaire à ce qu’on trouve entre les deux Corées depuis 1953, permettrait à ses yeux d’assurer qu’aucun échange de tirs n’ait lieu. « Les deux camps reculent chacun de 15 kilomètres », explique-t-il.
Un scénario qui ne correspond pas tout à fait à une partition de l’Ukraine, mais qui comporte deux risques. D’abord, l’annexion illégale par la Russie des territoires sur lesquelles se trouvent ses troupes. Ensuite, la reprise des combats. Si cette situation à l’avantage de « surveiller » chacune des armées « plutôt facilement », cet ancien des forces spéciales et de la guerre du Vietnam reconnait en effet que le risque de violations existe. « Parce qu’il y en a toujours ».
Au-delà de comporter peu de garanties pour l’Ukraine et beaucoup de concessions pour la Russie, le Times révèle que ce plan possède un autre défaut. Et pas des moindres. En comparant la situation de Kiev à celle de l’Allemagne d’après-guerre, l’émissaire américain s’inscrit dans le récit russe selon lequel l’objectif de cette guerre déclenchée il y a trois ans par Vladimir Poutine était de « dénazifier » le pays.