En nous interpellant sur le réveil de la crise climatique depuis la péninsule Antarctique en novembre 2023, le secrétaire général de l’ONU a lancé un appel à notre conscience collective. Les conséquences de la fonte des glaces sur le plateau continental antarctique dépasseront de loin les frontières de ce continent inhospitalier : parce que les répercussions économiques et humaines seront massives et susceptibles de toucher des millions de vies au cours de ce siècle, il s’agit d’une alerte mondiale.
Quelques semaines plus tard, l’ambassadeur français pour les pôles et les enjeux maritimes, Olivier Poivre d’Arvor, évoquait à son tour dans une tribune la transformation des pôles en « véritables bombes climatiques » (Le Monde du 2 février).
Les implications écologiques de la crise climatique en Antarctique sont multiples et évidentes. Par exemple, la disparition des glaces menace l’existence même des manchots empereurs, espèce emblématique de l’Antarctique. En outre, la propagation de la grippe aviaire, déjà présente dans la péninsule ouest-Antarctique, apparaît aujourd’hui comme une nouvelle menace, susceptible de décimer de nombreuses espèces animales.
Perte de biodiversité
Mais ces implications sont aussi économiques : le krill antarctique, fondamental pour la chaîne alimentaire océanique, est non seulement menacé par la surpêche, mais aussi par les perturbations climatiques. Cette perte de biodiversité marine pourrait avoir des répercussions dévastatrices sur les industries de la pêche à l’échelle globale, qui dépendent toutes, plus ou moins directement, de cette espèce.
Plus alarmant encore, la fonte extrêmement rapide de la glace sur le plateau continental antarctique, qui représente 90 % de la cryosphère [c’est-à-dire l’ensemble des masses de glace, de neige et de sols gelés présentes sur la Terre]. Cette fonte contribue de manière importante et rapidement croissante à l’élévation du niveau de la mer, exposant ainsi près d’un milliard de personnes au recul du trait de côte d’ici à 2050.
Parallèlement, le tourisme polaire connaît une croissance exponentielle, attirant des visiteurs désireux de découvrir ce continent encore immaculé avant qu’il soit trop tard. Ce tourisme, mal réglementé, génère des dommages environnementaux supplémentaires et accroît les pressions sur une région déjà trop vulnérable.
Malgré l’accumulation des rapports scientifiques, la compréhension du rôle crucial de l’océan Austral et de sa biodiversité dans la régulation du climat reste insuffisante. L’océan Austral agit comme un thermostat, absorbant les excédents de chaleur et assurant le bon fonctionnement des courants océaniques, soutenant ainsi la vie marine et régulant le climat mondial. Sa préservation est essentielle pour maintenir l’équilibre climatique de la planète.
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