« Il est là, parmi nous ! », s’enthousiasme le chauffeur de salle au siège de l’Alliance pour la République (APR), l’ancien parti présidentiel au Sénégal. Les militants, encouragés par des griottes, crient son nom : « Macky Sall ! » Pourtant, en ce jeudi 29 août, nulle trace de l’ex-président à la rencontre organisée pour la sortie d’un livre sur le bilan de ses douze années passées à la tête de l’Etat. « C’était l’absent le plus présent », s’amuse Luc Sarr, son ancien conseiller politique.
Où est Macky Sall ? A l’APR, les militants se posent la question. Depuis qu’il a quitté le pouvoir, le 2 avril, l’ancien chef de l’Etat, reconduit en décembre 2023 à la tête du parti qu’il a fondé quinze ans plus tôt, est l’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P). Un poste proposé par le président français fin 2023 et qui, à l’époque, n’avait pas manqué de susciter des critiques au sein de l’opposition. L’ancienne première ministre Aminata Touré avait ainsi dénoncé une incompatibilité entre les statuts d’envoyé international et de chef de parti.
« Il a des contacts chez les dirigeants du Sud global et connaît les questions financières. Il défend l’idée que le système financier mondial est défavorable aux pays en développement. Il est dans son rôle », juge l’un de ses proches, sous le couvert de l’anonymat.
Depuis qu’il a transmis le pouvoir à Bassirou Diomaye Faye, Macky Sall réside à Marrakech, au Maroc, où il avait l’habitude de se rendre lorsqu’il était en fonction. « Il est toujours président du parti. Son autorité y est incontestée », assure Luc Sarr. A l’en croire, le patron est en contact direct avec son état-major : les anciens ministres Oumar Youm (forces armées), Mor Ngom (transports), Aïssata Tall Sall (justice), le député Abdou Mbow…
Alors que la perspective d’élections législatives anticipées se rapproche, certains de ses lieutenants discutent de l’éventualité de voir leur chef historique être tête de liste. « En tout cas, il participera à la stratégie du parti », affirme Luc Sarr. « C’est une question tactique. Veut-on jouir de son image et de son savoir-faire ou veut-on montrer qu’on peut continuer en faisant émerger d’autres têtes ? », ajoute un autre cadre, qui a requis l’anonymat.
En publiant un livre bilan sur l’ère Macky Sall, l’APR tâche aussi de faire mentir les nouvelles autorités, qui ne cessent de répéter qu’elles ont trouvé un pays en ruines en arrivant au pouvoir. « Quiconque a pour ambition de poursuivre la construction d’un Sénégal fort n’a d’autre choix que d’inscrire son action dans le legs de Macky Sall, sauf à tomber dans des considérations purement politiciennes », déclarait au micro, jeudi au siège du parti, Sidiki Kaba, le dernier chef de gouvernement de Macky Sall.
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