Un « champion » !
Le 14 mai, Maksym Slivinskyi faisait ses premiers pas au Festival de Cannes, dont il ignorait tout, remontant la Croisette en costume ocre, se prêtant aux photos et aux interviews. Il accompagnait, à la Quinzaine des cinéastes, Enzo, un film de Laurent Cantet, réalisé après sa mort, en 2024, par son ami le réalisateur Robin Campillo. « J’ai pleuré pendant la projection », confie l’acteur, qui incarne un maçon. Quelques jours auparavant, à Paris, cet Ukrainien de 25 ans réfugié en France, qui travaille comme serveur dans un restaurant italien de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), avait montré le long-métrage à sa mère, arrivée dans l’Hexagone en 2022, après le déclenchement de la guerre. Il redoutait sa réaction envers les scènes homoérotiques et des « gros mots » qu’il dit en ukrainien… Mais elle est ressortie de la séance fière de son fils. Depuis qu’ils ont vu la bande-annonce du film, en salle le 18 juin, ses proches ici lui donnent du « champion ! ».
Un étudiant à Moscou
A Kolomyia, ville de 60 000 habitants à l’ouest de l’Ukraine, où il a été élevé dans une famille catholique, père réparateur de moulins à blé (mort il y a longtemps) et mère comptable, Maksym Slivinskyi a grandi en sculptant son corps grâce à la pratique de la boxe anglaise. Ouvrier chez un grossiste en fruits, photographe dans la station de sports d’hiver de Bukovel… Dès ses 13 ans, il multiplie les petits boulots, en parallèle d’études en filière menuiserie – « Pfff, le choix de ma mère ». A sa majorité, il voit les choses en grand. « J’ai toujours voulu devenir milliardaire, faire du business », pavoise-t-il. Il file alors à Moscou, s’inscrit dans une école de commerce payante, s’offre une conférence du coach américain en développement personnel Tony Robbins… Mais ses efforts ne sont pas couronnés de succès et le jeune homme vivote. Début 2020, il s’installe en France, où il devient ouvrier dans le BTP.
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