M6 – DIMANCHE 9 MARS À 21 HEURES – DOCUMENTAIRE
Un suspect au « profil schizophrène », un acte à la « dimension psychiatrique », selon le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau : samedi 22 février, l’attentat islamiste perpétré à Mulhouse (Haut-Rhin), qui a tué un homme et blessé cinq policiers municipaux, interroge une fois encore sur la dangerosité des malades psychiatriques en liberté.
Dans un pays où trois millions de Français souffriraient de troubles psychiatriques sévères, « Zone interdite » n’a pas attendu ce dernier drame pour s’intéresser au sujet. Le magazine s’appuie ainsi sur une dizaine de faits divers. En commençant par l’incendie de la rue Erlanger à Paris, dans lequel dix personnes ont péri en février 2019, et qui est au cœur de la séquence introductive tournée dans un petit immeuble parisien au quotidien… perturbé. Avant d’entrer dans le vif du sujet et de pénétrer à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique de Montfavet, dans le Vaucluse, l’un des plus grands de France. Là, durant plusieurs mois, la réalisatrice Zaïna Izabachène a pu filmer le quotidien de quelques patients et de soignants. En dépit de leurs compétences et de leur humanisme, ce suivi au plus près va révéler non pas les failles mais les gouffres abyssaux et à haut risque du système actuel.
Gilles, 34 ans, a ainsi accepté d’être filmé à visage découvert. Atteint de délires schizophréniques, il a attaqué quelqu’un pour le scalper, avant d’être enfermé dans l’unité pour malades difficiles (UMD) de l’établissement, comme 600 personnes en France. « L’UMD, on ne peut pas descendre plus bas, commente en souriant Patrick, soignant depuis vingt ans. Donc on ne peut que remonter. Nous, on est là pour les aider. » L’aide, c’est, d’une part, les soigner – une contrainte pour les patients en UMD –, d’autre part, les resociabiliser, pour préparer leur sortie. Cela peut fonctionner, ou pas. Tout au long du film, la caméra se fait le moins intrusive possible.
Lucidité et amour
Le cas d’Alexandre, suivi par Christelle, infirmière, est éloquent : vingtenaire, schizophrène, il fait peur à sa famille qui l’a chassé. Il vit donc dans la rue. Après avoir agressé sa grand-mère, il a été hospitalisé sous la contrainte – comme 100 000 personnes chaque année. Mais depuis 2011, un juge des libertés est mandaté pour détecter un éventuel « enfermement excessif ». La réalisatrice a pu filmer une juge des libertés, notamment lors des auditions, avant de se prononcer. A sa grande surprise, Alexandre va ainsi être autorisé à sortir, et se retrouver à la rue, sans revenus et sans certitude qu’il prenne ses médicaments.
D’autres parents tentent d’aider leurs enfants atteints de maladies psychiatriques. Avec une lucidité et un amour qui bouleversent, un couple raconte ainsi comment ils ont constaté la maladie de leur fils ; comment ils ont cherché de l’aide auprès d’organismes, de médecins. En vain. Jusqu’à ce qu’un soir leur fils frappe son père de sept coups de couteau…
A contrario, l’histoire de Charlie, 23 ans et schizophrène, se veut exemplaire. Après des faits de violence au collège, il vit chez lui, en famille. Si chacun a « repensé » la vie à la maison, « c’est la mère qui gère », explique le commentaire, sans prendre visiblement la mesure de ce que cette phrase implique au jour le jour. Avant d’ajouter : « Avec un entourage attentionné, une vie normale est possible. »
Malades dangereux : comment empêcher la folie de tourner au drame ?, documentaire de Zaïna Izabachène (Fr., 2025, 93 min). Diffusé sur M6 dans le cadre du magazine « Zone interdite » et disponible en replay sur M6.fr.